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Le blog de Mohamed Seck

Mon blog est le fruit de mon engagement citoyen. Aussi voudrais-je vous inviter à partager certaines réflexions pour un Sénègal émergent.

La prise en charge du talibé

Par Le mardi 06 octobre 2015

02042012280-4.jpgMohamed Seck :

L’école coranique fait partie du patrimoine éducatif et culturel des musulmans. Au Sénégal, le «  daara » est le terme qui lui est consacré. L’apprentissage du coran y débute à bas âge.

Généralement, une grande partie des jeunes élèves (talibés) y est envoyée pour des cours du

Jour ; le reste y réside sous l’autorité d’un maître coranique. Dans l’idéal, il doit être assisté dans sa mission par l’aide et les subsides des parents de talibés. Ce n’est, cependant, pas toujours le cas, ce qui expose ainsi les talibés à la précarité…

En ce 21éme siècle, l’éducation est devenue vitale pour les enfants. Autant en langue arabe qu’en langue française, il faut une maitrise des outils de communication pour une acquisition des connaissances.

Les difficultés des talibés ont pour noms habillement décent, habitat salubre, alimentation suffisante, protection sociale et éducation adéquate.

La situation que l’on constate est tout à fait le contraire. A Dakar, ce sont des hordes de jeunes enfants habillés en haillons qui circulent dans les rues. Venus de zones très éloignés, c’est à l’

aurore qu’ils arrivent pour faire la manche. Parfois, ils se livrent à la même activité jusque tard dans la nuit encore à demander quelques pièces d’aumône. On peut légitimement se demander à quel moment de la journée, ils mémorisent le coran.

La conséquence est souvent dramatique. S’ils ne sont pas exploités par des enseignants véreux, ils sont exposés à la délinquance juvénile ou même abusés sexuellement. Etat, parents et citoyens sont interpellés devant cette situation vécue par une partie de la jeunesse sénégalaise.

En effet, le temps est venu pour nous de réagir et les solutions ne manquent pas. Au premier rang, les parents des talibés doivent être sensibilisés sur la situation de leur progéniture. Il se pourrait que la majorité des parents ignorent leurs indécentes conditions de vie. Pourtant, ils doivent assurer la prise en charge de leurs enfants.

 Au-delà, c’est à la société d’offrir des solutions. Aujourd’hui des exemples éloquents existent et nous démontrent que la donne peut changer. A l’image de feu Imam Assane Cissé qui a été diplômé en philosophie à Londres pour ensuite revenir guider la forte communauté tidiane au Sénégal, en Afrique et dans le reste du monde. De même, Seyda Mariama Niasse dont l’école reçoit de jeunes élèves venant du Sénégal et de l’étranger. Pourquoi ne pas s’inspirer de l’enseignement privé catholique ? Aujourd’hui beaucoup de musulmans y envoient leurs enfants pour garantir leur réussite dans les études. Quel est le rôle de l’Etat, me direz-vous, à coup sûr ?

Il faut se féliciter que le gouvernement propose un programme de modernisation des daaras. En effet, il y a une nécessité de formaliser le programme d’étude sur le plan national. De plus, pour donner la chance à tous de réussir leurs vies, il faut offrir une large gamme de formations techniques et académiques aux talibés issus de ces daaras modernisés.

En définitive, notre responsabilité à tous est engagée (parents, société et Etat). Si nous voulons une société plus juste et lutter contre le désœuvrement des jeunes, l’éducation et la formation sont des moyens pour y parvenir. Un dialogue inclusif dissipera sûrement les craintes liées au programme de modernisation des daaras.

Mohamed Seck

30/09/2015

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Diversification de l’offre avicole

Par Le mercredi 19 août 2015

A l’échelle mondiale la consommation en viande est régulière croissance. Cette tendance s’observe au niveau du Sénégal. Cependant, l’offre est bien inférieure à la demande surtout pour les viandes rouges (bœufs, moutons, chèvre).  La solution passera-t-elle par un développement de l’aviculture ?

Le Sénégal est un pays sahélien caractérisé par une saisonnalité des pluies, un tapis herbacé temporaire et  un élevage majoritairement extensif. Si quelques initiatives de sédentarisation pour l’embouche bovine ont vu le jour, l’essentiel des éleveurs préfèrent des migrations périodiques avec leurs troupeaux. 

Au même moment, les habitudes alimentaires surtout dans les zones citadines évoluent vers une forte consommation de produits carnés. Le renchérissement du coût de production de la viande se répercute aussi sur les prix. En dix ans le prix du kilo de la viande est passé de 1500 à 2900 FCFA, donc du simple au double.

Les craintes sanitaires liées à l’épidémie de la grippe aviaire, ont conduit les pouvoirs publics à interdire l’importation des cuisses de poulets. Cette situation a donné un coup de fouet à la production nationale de volaille surtout pour les poulets de chair. C’est naturellement donc que ces derniers ont constitué une substitution aux viandes rouges. En effet avec un prix de 2500 à 3000F pour les 2 kilos de poulet, le calcul est vite fait par les consommateurs. En une décennie, le secteur avicole  fait vivre prés de 300 mille personnes. Un véritable success story. A cela s’ajoute l’émergence d’une filière comprenant industriels, transporteurs, producteurs et commerçants.

Toutefois, les capacités productives ne sont pas exploitées au maximum car l’aviculture ne se résume pas à la simple production de poulets de chair. Canards, dindes, oies, pintades, cailles, pigeons et bien d’autres oiseaux peuvent enrichir l’offre. Le fait est que certains d’entre eux ne bénéficient pas du même intérêt que le poulet. Pourtant il y a des risques liés à la mortalité des  sujets en cas d’épidémie pour une espèce.

Pour les canards par exemple, les mêmes conditions  d’élevage que les poulets de chair peuvent offrir d’excellents résultats en terme de production de chair et d’œufs. Evidemment d’importantes économies seront réalisées au niveau des charges (aliments) tout en garantissant des revenus correcteurs aux éleveurs. Pour ce faire, il faudra un travail pour la promotion de la viande de canard puisqu’elle souffre de préjugés injustifiés.

Aujourd’hui, à la croisée des chemins, nous avons l’occasion de booster encore plus le secteur avicole. Produire de la viande de manière intelligente, générer des emplois et des revenus aux nationaux.

Mohamed Seck

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Une précision de taille : Tous les billets du blog sont écrits par Mohamed Seck.

Pour une mécanisation agricole performante

Par Le vendredi 10 juillet 2015

L’agriculture est un secteur grand pourvoyeur d’emplois. L’enjeu pour les pays sahéliens comme le Sénégal c’est  d’arriver à une mécanisation de ce secteur pour plus de productivité. Cependant des efforts restent à faire en termes de machinisme agricole.

L’arachide a été pendant plusieurs décennies, la principale spéculation produite par les agriculteurs de notre pays. Cette culture de rente est à la fois une matière première de consommation alimentaire et un produit d’exportation générant au passage quelques devises. De plus, les sous produits comme la fane sont d'excellents compléments alimentaires pour le bétail en période de soudure. Tout ceci a concouru à une concentration des efforts des pouvoirs publics pour une mécanisation primaire de cette culture et d’autres céréales comme le mil, le maïs ou encore le fonio. Le matériel de mécanisation se limitant parfois à un outil (semoir, socs) à traction animale (âne, bœuf, cheval) pour les travaux de semis, d’entretien ou de récolte, compte tenu des modestes surfaces emblavées et du système d’irrigation saisonnier pluvial.

Victor juri semoir 1Ces dernières décennies, un intérêt grandissant est marqué pour la riziculture. Aussi, de grands aménagements ont vu le jour dans la vallée du fleuve Sénégal et dans le bassin de l’Anambé. Pour un gain de productivité, les producteurs se sont équipés de machines motorisées comme des motopompes et des tracteurs. Cette pratique est aussi constatée chez les producteurs maraichers dans la zone des Niayes. Chez ces derniers le recours à ces machines est entré dans les mœurs ainsi que l’utilisation d’une technique moderne d’irrigation sous pression (goutte à goutte) et le labour avant l’installation des cultures.

Si pour le système mécanisé le parallélisme entre les outils modernes et l’augmentation de la productivité force l’admiration du public ; la gestion de ces machines pose souvent problème. En effet, les outils à traction animal sont bien maitrisés par les producteurs. Ce matériel parfois qualifié d’obsolète et complètement amorti et capable d’être réparé par les artisans menuisiers métalliques et soudeurs. Par contre, l’approche mécanique ne s’est pas toujours accompagnée d’un transfert de technologies. Un triste paysage s’offre au public dans certaines zones où fautes de suivi et de savoir-faire, certains appareils ont rendu l’âme et sont devenus des épaves.

Le véritable enjeu de la modernisation de l’agriculture sénégalaise est donc dans un transfert de technologies à nos mécaniciens nationaux. En allant plus loin une véritable industrie peut émerger. La présence d’écoles de formation en mécanique, la présence d’une petite industrie d’appareils agricoles (SISMAR) ou encore les travaux du laboratoire de machinisme agricole au CNRA de Bambey sont déjà un bon début. S’il y a en outre la création d’un véritable département de machinisme agricole dans la future université agronomique de Kaolack, le Sénégal aura les moyens de rattraper en partie sont retard dans le domaine. L’accès à des outils modernes autorise à croire en une plus  importante sécurité alimentaire.

Mohamed Seck

10/7/2015
 

L’indépendance par le solaire

Par Le samedi 04 juillet 2015

Index solaireLe Sénégal dispose de prés de 3000 heures d’ensoleillement par année. Malheureusement, cette importante source n’est pas assez exploitée. En effet, les énergies fossiles sont les principalement utilisées par la société nationale de production d’électricité (SENELEC). Pendant ce temps, en zone rurale, en pleine crise énergétique, le bois est utilisé comme matière première aggravant le péril environnemental. Fort de ce constat et dans sa volonté de sortir de la dépendance aux énergies fossiles, les pouvoirs publics ont déjà un projet dans ce sens. Nous portons ici une réflexion allant dans le sens confirmer le bien-fondé d’une telle démarche.
Certes, notre pays dispose d’atouts non-négligeables pour offrir l’accès à l’énergie à tous, mais une synergie des actions est nécessaire pour y arriver. Ainsi sur le plan pédagogique, comme dans toutes les formations techniques, il y a une certaine hiérarchie du travail. De l’ingénieur à l’ouvrier qualifié en passant par les techniciens, chaque niveau a son rôle à jouer. Les universités de Dakar et de Thiés offrent des formations de cycle ingénieur dans les domaines du génie électricité. De plus, le CNQP et le CFPT tous deux à Dakar, offrent des formations en techniciens supérieurs dans le domaine de l’énergie. Enfin, la formation technique dans les lycées permet aux bacheliers de ces séries de réaliser des plans et conceptions d’ingénierie. A ces formations académiques s’ajoutent, tous ces artisans formés sur le tas, qui ont un savoir-faire reconnu ici et ailleurs.
Sur le plan technique, des milliers de brevets sont dans le domaine public. Ces Opensources sont donc utilisables par tous. Le processus d’utilisation de ces connaissances se fera par l’exploitation du principe de ces technologies jusqu’à la conception de l’outil physique capable de transformer la lumière en énergie électrique.
Il est vrai que le rendement énergétique ne sera pas forcément au maximum de ses capacités. La conséquence principale sera donc une sous-utilisation des capacités offertes par le rayonnement solaire. Toutefois, ce frein ne devrait pas nous décourager. Si les populations arrivent à s’approprier cette technologie, l’impact sur la vie des Sénégalais sera extraordinaire.
En effet, dans un monde où les besoins en énergie se font croissants, l’utilisation de l’énergie solaire peut engendrer une sorte de révolution industrielle sous nos cieux. À ce titre, pour le monde rural comme en ville, l’accès à une énergie bon marché offre des perspectives dans le secteur agricole, la protection de l’environnement, de la petite industrie, la sécurité, de l’amélioration des conditions des femmes et aussi la scolarisation des enfants. L’énergie produite par d’autres sources sera concentrée vers les industries les plus gourmandes.
À l’image des entités comme l’UE et son projet DESERTEC, la course à l’énergie propre et bon marché a des allures de guerre géostratégique. Tous les pays cherchent à acquérir leur indépendance énergétique. Afin de réaliser cela, les pouvoirs publics, le secteur privé local ainsi que les écoles et instituts de formation doivent s’associer. Le marché lié à la conception et à la réalisation de ces équipements aiguise déjà l’appétit des multinationales. En effet, ce secteur peut être rentable, pourvoyeur d’emplois et offrir à notre pays un leadership ouest-africain. Il urge de s’atteler à sa réalisation par les nationaux pour que la richesse entraine une amélioration, pour tous, des conditions de vie.
Mohamed Seck

La CSS en question

Par Le jeudi 25 juin 2015

Le 1er octobre 2017 marquera un tournant dans le marché du sucre de l'Union Européenne. En effet, la production des Etats membres ne sera plus limitée pour couvrir le marché alimentaire de l’Union. Une telle libéralisation aura forcément des conséquences sous nos cieux.

La Compagnie Sucrière Sénégalaise est l’entreprise de production et de commercialisation du sucre au Sénégal. Le monopole dont elle a longtemps bénéficié est remis en cause fréquemment par les commerçants importateurs de l’UNACOIS (Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal). Aussi, l’Etat du Sénégal à travers le Ministère du commerce cherche-t-il, depuis plusieurs années, à créer l’équilibre par une libéralisation contrôlée tout en protégeant le tissu industriel local. Cependant, le choix de l’UE, dicté par l’OMC menace encore plus la CSS pour trois raisons :

Une production à base de canne à sucre

Dans les pays européens marqués par un climat tempéré, le sucre est extrait à partir de la betterave dont le cycle de production n’excède pas les 5 mois généralement. Pour la canne à sucre, le cycle dure presque 12 mois. A cela s’ajoutent les charges liées à l’irrigation, l’énergie et l’usinage.

Le projet KT 1500

La CSS a lancé le projet KT1500, qui concerne l’extension de ses fermes sur 1500 ha afin de pouvoir satisfaire le marché national à 100%. Toutefois, ce lourd investissement doit être amorti sur un délai raisonnable. L’échéance de 2017 pourrait chambouler les plans.

Une rude concurrence

Au-delà de l’UE, le sucre sénégalais est concurrencé par les producteurs brésiliens et asiatiques. Grace à un prix plus compétitif, ce sucre est plus apprécié des commerçants importateurs sénégalais comme ceux de la sous région.

Les prix pratiqués jusqu’ici ne se justifieront  plus longtemps par les consommateurs. Jouissant d’une réputation sulfureuse auprès de l’opinion publique nationale, concurrencée sur le marché mondiale et subissant la contrebande jusqu’à ses portes (Richard Toll), la CSS devra trouver une nouvelle stratégie pour continuer d’exister. Il semble que ses dirigeants aient pris les devants comme en atteste le lancement depuis quelques années de son usine de production d’éthanol ainsi que la rumeur insistante qui  annonce la diversification de ses activités dans la riziculture.

Mohamed Seck800px cut sugarcane

Droits de l’homme, halte aux dérives

Par Le mardi 21 avril 2015

Depuis l’an 2000, le Sénégal s’est positionné comme une vitrine démocratique. En effet, la classe politique, les citoyens et la société civile ont pu conjuguer leurs efforts pour démontrer au monde leur niveau de maturité. Pourtant le pouvoir grandissant des organisations des droits humains pose problème, à notre avis.

Il va sans dire que les organisations non gouvernementales de défense des droits humains ont beaucoup fait pour  notre pays. Ce qui nous vaut cette position  phare sur la liste des pays  démocratiques ». Au passage, nous reconnaissons les apports considérables des syndicats et  les partis politiques d’opposition dans les différents progrès enregistrés sous nos cieux. L’année 2012 peut être considéré comme le point culminant de cette fabuleuse épopée. Toutefois, ce beau tableau est noirci depuis lors par certaines dérives.

A entendre les dirigeants de ces organisations, ils ont acquis une grande légitimité pour pouvoir parler au nom du peuple. Autrement dit, ils peuvent exiger du gouvernement qu’il  leur rende des comptes, qu’il réponde à leurs demandes, etc.

 Il est vrai que dans le cadre de la société civile cela peut se comprendre et même être accepté. Ce qui pose problème pour nous l’inexistence de contre-pouvoir pour limiter la tentation grandissante de l’abus de sa position.

Oui, combien de fois a-t-on entendu à travers les organes de presse, un dirigeant de la Raddho ou d’Amnesty International tancé le gouvernement ? Au nom de la liberté d’expression doit-on tout accepter de ces organisations ?

Nous rappelons-nous assez du rôle de ces organisations dans la promotion des droits des homosexuels et par la même une occidentalisation à outrance de la société sénégalaise ! Tout cela se fait sans coup férir avec une complicité étonnante de cette presse sénégalaise dont on ne manquera jamais de citer son irresponsabilité.

De plus, les Sénégalais voudraient-ils se laisser diriger par des individus qui tentent de justifier le budget de fonctionnement de leurs organisations? Nous connaissons bien les bailleurs de ces entités qui veulent contrôler l’opinion ?

Assurément, ce ne sont pas mes compatriotes qui mettent la main à la poche pour les financer. Et puis, tous ces droits humains auront-ils un sens si le défi du développement n’est pas relevé  au Sénégal? Cette liberté d’expression dont  les droits-de-l’hommiste  usent et abusent doit être encadrée avant de nous plonger dans une transposition béate de ce qui se fait et se voit ailleurs.

Des dérives sont à mettre à leur actif. Dés lors, il appartient aux médias de les canaliser puisqu’ils en sont les principaux relais. L’Etat doit avoir le courage de réglementer toutes ces organisations et vérifier qu’ils n’utilisent pas de financements douteux. Il y va de la paix sociale et de la liberté du citoyen.

Lu sur Wikipédia : Le droit-de-l'hommisme est une expression péjorative désignant de manière polémique ce qui est perçu comme une attitude bien-pensante invoquant la défense des droits de l'homme et, plus généralement, une attitude purement déclamatoire ou excessivement tolérante

Post-sommet de la Francophonie : la lucidité après les festivités

Par Le mercredi 03 décembre 2014

 Les rideaux sont enfin tombés ce 2 décembre 2014, sur le sommet de la Francophonie et son forum économique organisés à Dakar. L’opinion publique sénégalaise a été partagée entre festivités liées à la succession d’Abdou Diouf, Secrétaire général de l’OIF et le contre-sommet à forts relents de réquisitoire anti-Françafrique. Tout cela dans un vaste flot d’informations. Seulement,  quelque chose m’échappe.  Nous sommes-nous assez intéressés à la trajectoire de la Francophonie ?

Créée dans la décennie 70, par des chefs d’Etats amoureux de la langue française, la Francophonie était d’abord un outil de promotion culturelle et de coopération technique (ACCT). Profitant du vent de changement démocratique en Afrique particulièrement, elle a évolué pour se chercher une dimension politique prônant la promotion de la paix et du développement dans les pays membres. L’accession à ce poste de notre compatriote Abdou Diouf lui a indéniablement permis d’acquérir cette dimension. Auréolé de son passé de chef d’Etat ayant quitté démocratiquement le pouvoir, riche de ses 30 ans de carrière dans la haute administration du Sénégal et fort de son aura, il a réussi à faire de l’Organisation internationale de la Francophonie, une organisation à dimension planétaire (une sorte d’ONU francophone).

Le récent sommet de Dakar, a été l’occasion pour l’organisation de faire évoluer ses projets. En ces temps de difficultés financières des pays du Nord comme du Sud, on parle de Francophonie économique comme en atteste le forum économique de cette édition. Ce sont les Etats africains qui constituent les membres de l’organisation les plus nombreux. De plus, le fort potentiel du continent aiguise les appétits des puissances d’Asie (Qatar ?), d’Amérique (Canada) et d’Europe (Belgique et France).

Cette nouvelle dimension cristallise les passions. La volonté de certains pays développés, membres de ladite organisation, de gagner des parts de marché en concurrençant la Chine en Afrique, ressemble à un partage du butin. Après la culture, la politique et maintenant l’économie est à l’honneur. Cette évolution va dans le sens d’une hégémonie des puissants sur notre continent. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la montée au créneau de certains intellectuels sénégalais et la tentative avortée d’organiser un contre-sommet.

A l’heure du bilan de ce sommet, l’Afrique francophone est à la croisée des chemins : avoir une préférence dans les échanges avec les pays francophones ou s’ouvrir à tous. L’Afrique d’aujourd’hui doit être intelligente dans ses choix de partenariat. L’avenir du monde ne peut se faire sans nous. Elle doit donc se faire selon nos conditions tout en évitant de tomber dans le piège du narcissisme.

Mohamed Seck

02/ 12/ 2014

De qui se moque le sieur Abdoulaye Wade ?

Par Le jeudi 13 novembre 2014

10799850 10204293935620097 2145441120 nUne fois n'est pas coutume, je reprends ma plume enterrée depuis 2012, lorsque qu'une majorité du peuple sénégalais en faisait de même pour le régime libéral qui avait à sa tête le sieur Abdoulaye Wade. Oui, je lui refuse le titre d'ex président puisqu'il ne le mérite pas.
J'avais à peine un peu plus d'une dizaine d'années lorsque cet homme que la clameur publique nous avait décrit comme le messie qui nous ferait oublier la très longue période de léthargie dans laquelle les socialistes avant lui nous avait entrainés.
Comme tous les enfants de notre époque le vieux chauve qui portait des bretelles et une cravate nous faisait rêver. Il nous avait promis un avenir radieux où il serait difficile de croiser un chômeur au coin de la rue. Il nous avait promis le kilo de riz à 60 francs entre autres. D'autres réussites, d'autres merveilles et d'autres choses qu'il nous est difficile aujourd'hui de retrouver dans notre mémoire sans risquer de croiser les cauchemars et injustices auxquels il nous a habitués.
Sous son magistère les fautifs n'ont jamais été sanctionnés (affaire des réacteurs de l'avion présidentiel, affaire du Joola). Il semble être à l'origine de tout ça. Les délinquants financiers n'ont jamais été punis (affaire des chantiers de Thiés, affaire de l' ANOCI). Les auteurs de bavures n'ont jamais été identifiés (assassinat de Balla Gaye en 2002 jusqu'à la campagne 2012). Assassinats, complots, gabegies, népotisme, manipulations, un cocktail dégueulasse qu'il nous a offert à boire pendant 12 ans. Pour vous dire que cet homme que nous avons tant admiré n'est en fait qu'un monstre doublé d'un manipulateur.
Voilà un individu qui veut aujourd'hui nous appeler à descendre dans la rue, faire une marche et soutenir sa cause personnelle (la libération pure et simple de son fils qui fait face à la justice). Le plus extraordinaire est qu'il est soutenu par des lobbies pompeusement appelés organisations de droits de l'homme toujours prêts à crier et à jacasser. C'était pourtant ceux-là qui l'avaient combattu il y a un peu plus de 2 ans. Je suis encore plus surpris lorsqu'un individu comme Pape Diop, ex président du Sénat, prend sa défense. Et pourtant, Abdoulaye Wade l'avait accusé de sacrifices d'albinos lors de joutes électorales précédentes ?
Grand Dieu, je ne reconnais plus mon pays ! Dans un pays normal, le procureur se serait auto saisi depuis longtemps pour éclairer l'opinion sur les agissements de ce délinquant du troisième âge. Mais bon, nous sommes dans le cas séné... Galérien

M. Mohamed Seck

13 novembre 2014

Koxeur : ce parasite qui tue l’agriculture et le transport au Sénégal

Par Le vendredi 23 mai 2014

Le mot coxeur est un terme au Sénégal qui désigne l’intermédiaire présent dans le milieu de la commercialisation des produits agricoles et le rabatteur dans le milieu du transport. Regroupant au début d’anciens agriculteurs ou chauffeurs, devenus indigents ou sans moyens pour exercer leur profession, cette corporation a su s’imposer dans les deux milieux, au point d’en devenir des acteurs incontournables. Cependant, le racket qu’ils exercent sur les producteurs comme sur les usagers des transports, fait qu’ils sont critiqués et contestés. Sauront-ils survivre au progrès ?

Dans une société où l’entraide est très présente, le koxeur a su trouver un terreau fertile à ses activités. En effet, sous le prétexte de leur état d’indigence, ils sont nombreux ces vieux et ces jeunes qui exercent dans les gares routières et autres arrêts de cars. Exigeant une commission qui atterrit le plus souvent dans leurs poches et appelée à tort mandat. Ils ne se gênent plus de tenir en laisse les transporteurs. Pour garantir ces rentrées financières, un fin maillage des arrêts et gares a été établi.

Pour les gares routières, ils se sont substitués parfois aux transporteurs pour collecter l’argent à l’achat des billets et ne le leur versent qu’après avoir prélevé une certaine somme. Pour les arrêts de bus c’est simplement en prétextant avoir orienté les voyageurs vers les cars, qu’ils exigent des apprentis leur « mandat ». Mis sous pression par leurs maître-chanteurs, les apprentis finissent par payer pour s’en aller. Parfois et d’ailleurs souvent, ces conflits s’élargissent aux voyageurs car les « koxeurs » exigent d’eux de verser en plus du prix de leur transport, une autre somme pour leurs bagages. C’est à se demander si on doit voyager sans bagages au Sénégal ?

Dans le domaine des marchés agricoles, la situation est encore plus renversante. En effet, les « koxeurs » se sont installés comme intermédiaires entre les agriculteurs et les commerçants grossistes. En effet, réunis autour d’un bureau des « koxeurs » fixent les prix à leur avantage et ne manquent pas de créer des crises pour tirer encore plus de profits. Prenons l’exemple d’un producteur de tomates qui appelle le « koxeur » pour s’informer sur les tendances du marché. Celui-ci lui garantira un prix correct pour une commercialisation rentable. Entre temps, les « koxeurs » auront tirés les prix à la baisse par entente. Arrivé au marché, l’agriculteur n’aura que ses yeux pour pleurer mais …le coxeur n’est jamais bien loin. Il lui proposera de l’aider à vendre son produit moyennant au moins 300 francs le cageot de tomates de 2500 francs. L’agriculteur sera obligé d’accepter pour ne pas augmenter ses charges et diminuer sa marge. Rapidement, le « koxeur » fait un tour et revient avec la somme convenue pour l’achat du stock total tout en défalquant le « mandat ». Si l’agriculteur est patient, il assistera impuissant quelques minutes plus tard à la revente de sa marchandise par le « koxeur ». Le prix passera de 2500 francs à 4000 francs le cageot. En résumé le coxeur aura reçu 1800 francs de bénéfices par cageot pour une simple négociation sans pour autant avoir bougé du marché.

Ce qui est choquant dans tout cela, c’est que l’Etat comme la population a laissé cette activité perdurer. Comment comprendre que cette escroquerie se soit installée depuis si longtemps sans que l’autorité publique ne légifère ? Pourquoi cette race de prédateurs n’est pas éliminée ? D’année en année, cette corporation s’est développée comme un cancer pour ces secteurs stratégiques de l’économie sénégalaise et elle prend des allures de « mafia ». Son élimination permettrait aux transporteurs comme aux agriculteurs d’avoir une marge bénéficiaire correcte et aux consommateurs une baisse des prix sur les services et les produits agricoles. Au-delà, la lutte contre se phénomène peut s’inscrire dans celle contre l’enrichissement illicite et le racket. Le premier pas peut être franchi avec l’ouverture de la nouvelle gare routière des « baux maraîchers » sans « koxeurs » ni marchands ambulants.

 

Mohamed Seck

Mai 2014

Des producteurs modernes pour une autosuffisance en riz

Par Le mercredi 05 mars 2014

1937868 10202481781317372 1039559286 nDepuis les années 60, l’Etat du Sénégal à travers divers politiques et programmes a souhaité faire de l’agriculture le socle de son développement économique.

Long de prés de 1800Km, le fleuve Sénégal devait y participer en soutenant l’agriculture irriguée dans la vallée et le delta. Prés d’un demi-siècle plus tard, force est de reconnaître que les objectifs tardent à être atteints en matière d’autosuffisance alimentaire. Nous sommes en droit de nous interroger sur les raisons de ce blocage. Viennent-ils des structures étatiques ou des producteurs et de leurs organisations ?

C’est en 1965, que la Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta et de la vallée du fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED) fut créée.  Ses missions étaient la réalisation des aménagements hydro agricoles en régie, l’exploitation et l’encadrement technique, la gestion des réseaux et stations de pompage ainsi que  la transformation et la commercialisation de la production agricole.

A la faveur de son désengagement dans les années 90, un ensemble de compétences est transféré aux organisations de producteurs. La SAED se concentre sur la mise en œuvre des investissements de l’Etat, la planification régionale, l’appui-conseil et la formation aux organisations, le suivi-évaluation et la recherche-développement.

La maîtrise de l’eau a été aussi un défi majeur pour les jeunes Etats africains après leur indépendance. Ceux riverains du fleuve Sénégal créèrent en 1972, l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Dans l’optique de mieux gérer le liquide précieux, des barrages seront construits afin de maitriser les crues, de stopper la lame saline, de faciliter la navigabilité, de produire de l’électricité. Le Barrage anti-sel de Diama sera mis en service en 1986 et  celui hydroélectrique de Manantali en 1988.

L’accès au crédit est resté pour les producteurs une épine à leurs pieds. Suite aux échecs des  programmes gérés par les défunts ONCAD, BNDS, Fonds mutualiste du développement rural et à la faillite des organismes, la CNCAS est créé en 1984. C’est une société à économie mixte ayant pour missions le financement de l’ensemble des activités agricoles et non agricoles exercées en milieu rural. Dans sa procédure d’octroi des financements, la CNCAS s’associe aux les producteurs ainsi que la SAED pour garantir la faisabilité technique.

A l’aune de cette chronologie des faits, nous sommes convaincus que des efforts notables  ont été faits pour offrir à notre pays un destin de leader agricole. En effet, des investissements ont été faits pour aménager les terres, maîtriser l’eau et garantir l’accès aux crédits.

Les organisations paysannes ont réussi avec l’aide de l’Etat à se formaliser, trouver  un statut juridique et garantir les fonds prêtés par les banques. Ces corporations ont le mérite d’organiser et de planifier toutes les activités d’une campagne. Elles sont les structures par lesquelles les pouvoirs publics agissent aujourd’hui pour moderniser l’agriculture.

Le désengagement partiel de l’Etat à travers la SAED s’est fait au profit des organisations de producteurs. La gestion en régie des stations de pompage  par la SAED a été transférée aux G.I.E villageoises. Cependant, ils n’ont pas pu garder le même niveau d’investissements que la SAED. Il s’ensuivit de mauvais aménagements hydro agricoles des périmètres irrigués villages et privés. En effet, le coût élevé de ces derniers ont conduit les producteurs à réduire les investissements aussi bien pour les réseaux d’irrigation et  de drainage que les réseaux de pistes et autres ouvrages de protection.

  En outre, il est vrai que les techniques culturales ont été assimilées en milieu paysan mais l’utilisation de la fertilisation et des pesticides non raisonnée entrainent des gaspillages et des risques pour la santé des consommateurs. De plus, les techniques post-récoltées ont très peu évoluées. Les appareils de transformation du riz paddy ont un rendement discutable et l’aspect brun du riz inadapté aux goûts du consommateur joue en sa défaveur alors que la technologie existe pour y remédier. Le problème central des organisations paysannes reste la commercialisation du riz. D’aucuns se demandent pourquoi ne pas abandonner la production locale.  Il faudrait néanmoins leur souligner que ce choix serait une erreur stratégique.

L’Indonésie est l’un des premiers producteurs de riz au monde. Exportateur depuis de nombreuses décennies, elle risque de réduire son offre sur le marché mondial pour satisfaire sa consommation intérieure. La conséquence immédiate est une montée des prix du riz. Pour des pays comme le Sénégal, ce serait un désastre si nous n’arrivions pas à produire la précieuse céréale. Il est donc pertinent d’investir pour améliorer aussi bien la qualité que la quantité de notre production, dans la formation des producteurs aux métiers de l’agriculture ainsi que l’encadrement de la filière pour la professionnaliser.

Des années 1960 à nos jours, des investissements importants ont été faits pour faciliter l’accès aux terres cultivables, la maîtrise de l’eau et l’accès au crédit. Le désengagement de l’Etat vis-à-vis des organisations de producteurs ne s’est pas déroulé dans les meilleures conditions. Une solution serait de faciliter l’installation des jeunes formées aux métiers de l’agriculture à travers l’accès à la terre, au crédit et l’incubation des petites entreprises. L’autosuffisance alimentaire relève de la sécurité nationale.

Mohamed Seck

Février 2014

L'arachide ne nourrit plus son homme

Par Le jeudi 27 février 2014

                                                                                                    L’arachide ne nourrit plus son homme

 02042012280-4.jpgCulture de rente d’origine sud américaine, l’arachide est la principale culture sous pluie à côté des céréales comme le mil et le sorgho au Sénégal.  Il faut garder à l’esprit que deux types d’arachide sont commercialisés : l’arachide de bouche et l’arachide de qualité huileuse. C’est cette dernière qui  intéresse notre réflexion. Héritage colonial, c’est l’une des filières les mieux organisées.  Le million de tonne a été parfois atteint. L’essentiel de la production fut absorbé par les huileries ou revendu sur le marché international. Depuis plusieurs années, les méventes, les bons impayés, la mauvaise qualité des semences et le retard dans la distribution des intrants sont les difficultés auxquelles se heurtent les producteurs. Autant de choses qui assombrissent l’horizon arachidier.

 L’arachide est une culture adaptée aux sols relativement pauvres du Sénégal et aux conditions climatiques difficiles qui ne favorisent pas une pluviométrie importante. Sa culture est bien maîtrisée en milieu rural. D’ailleurs, la recherche accompagne étroitement la filière. Ainsi, le Centre National de Recherches Agronomiques (CNRA) de Bambey travaille depuis 1915 sur les semences adaptées aux différentes zones de culture, les méthodes culturales et la vulgarisation des nouvelles variétés.

L’arachide continue de jouir d’un statut particulier. Et, chaque année l’Etat du Sénégal finance la campagne par la distribution de semences et de l’urée pour la fertilisation. A la fin de la campagne, l’Etat fixe le prix d’achat au kilogramme en concertation avec les différents acteurs de la filière. Malheureusement,  malgré les efforts des pouvoirs publics, les producteurs continuent à se plaindre de cette commercialisation.

Cet état de fait s’explique de plusieurs manières. En effet, l’activité agricole demande une importante planification allant de la préparation  de la campagne à la commercialisation en passant par les travaux agricoles de terrain. A cela, il faut ajouter le facteur risque qui est non négligeable dans ce domaine. Dés lors une mauvaise planification entrainera des couacs en série. Paradoxalement, la campagne arachidière se prépare au Sénégal 2 à 3 mois avant la saison des pluies. Pour lancer les appels d’offre, choisir les fournisseurs et distribuer les intrants (semences et urée) sur toute l’étendue du territoire national, avec des délais aussi serrés,  il faut une assistance divine…

C’est pour dire que cette politique à tâtons hypothéquera toujours  les futurs résultats.

En faisant abstraction des mauvaises pratiques culturales, du sous-équipement et des goulots d’étranglement, le paysan réussit à obtenir une récolte malgré tout. Eprouvé par le travail et ne comptant que sur sa production pour obtenir de l’argent, il lui faut attendre une décision gouvernementale pour savoir à qui vendre et à combien. Cela pose problème dans un système dit libéral, il est aussi exposé à une chute provoquée des prix par les principaux acheteurs locaux.

 A l’heure où le Sénégal espère se développer à travers l’agriculture, une réforme en profondeur s’impose. Etant donné son pouvoir dans la mentalité des paysans de notre pays, le désengagement doit être progressif. A titre d’exemple, nous nous permettons de proposer deux voies de réformes.

sur-ibnoze-le-30-mars-2013-bonus-bis-015.jpgD’une part, la production de l’arachide doit être libéralisée mais aussi encadrée.  Pour cela, il faudra pousser les huiliers à signer des contrats avec les producteurs en préfinançant la campagne afin d’acheter à la fin de la campagne à un prix connu avant même les semis d’arachide. Cela offre de la sécurité autant pour l’acheteur comme les producteurs. L’exemple de la SODEFITEX  pour le coton est patent. En effet, loin d’appauvrir les planteurs, cette entreprise privée a su en faire des partenaires bien encadrés pour continuer à faire des ventes correctes sur le marché international. De plus, la culture du coton n’a pas empêché les producteurs de la zone cotonnière de s’adonner à des cultures vivrières.

D’autre part, la réorganisation des producteurs en coopératives autoriserait un appui financier des pouvoirs publics pour l’achat de presses à huile. Ces petites unités de productions d’huile non raffinée seront un pas vers une modernisation  de l’agriculture mais aussi un maillon dans la politique d’industrialisation du pays. L’huile produite aura une valeur monétaire supérieure aux graines et pourra être vendue à des entreprises chargées du raffinage. Par cette voie, un nombre important d’emplois sera créé qu’ils soient fixes comme temporaires.

 L’arachide a de par le passé suscité débats et controverses. Elle continue d’en faire l’objet. Les producteurs  souffrent toujours des errements de l’Etat. Notre pays a perdu sa place de premier producteur au profit du Nigeria. De plus, la pression foncière en milieu rural est telle que l’extension n’est plus possible. Il faut donc s’investir à une modernisation et un choix pour la qualité des produits. Fort de l’héritage légué par la recherche, notre pays a les moyens de moderniser son agriculture. Il est par conséquent possible d’améliorer les conditions de vie des paysans en revalorisant leurs productions mais aussi préparer une sortie de la dictature de cette culture.

 Mohamed  Seck

Février 2014

De la nécessité des partis politiques au Sénégal

Par Le jeudi 27 février 2014

02042012280-5.jpg     Un  parti politique est l’association d’hommes et de femmes en vue de gérer la cité.  Tout naturellement, l’exercice d’un pouvoir fait appel à la concurrence. On constate qu’en Afrique et en particulier au Sénégal, le parti politique s’identifie à une personne (le secrétaire général) avec le triptyque naissance-vie-mort du parti. Il est souvent très difficile au parti de survivre au départ du leader. En l’état actuel des choses, une question se pose, les partis politiques ne sont –ils pas menacés de disparaître ?

 

                 Toute honte bue, nous sommes d’accord avec cette phrase de Senghor : . Il est vrai que pour adhérer à un idéal, le raisonnement seul  n’est pas suffisant. Cependant, les faits sont là, le militant de nos jours adhère à un parti sans pour autant connaître l’idéologie de l’association et sans passer par l’école du parti. De plus, le secrétaire général est le principal bailleur et de facto, le seul  candidat aux joutes électorales. Dans de telles conditions, la démocratie interne fait office de vœux pieux. L’affaire Malick N. Seck en est le dernier exemple. Le modèle semble avoir atteint ses limites et beaucoup de sénégalais se réclament indépendants des partis. Désormais ils éliront les politiques en fonction de leur programme de société.

Le monde évolue, l’électorat aussi ! La nature ayant horreur du vide, il était nécessaire de repenser la gestion des affaires.

 

                  Face aux difficultés dans les structures traditionnelles, certains citoyens ont proposé de nouvelles façons de faire la politique: ce sont les mouvements citoyens. En effet, jouant la carte de la proximité, ces formations ont réussi à séduire rapidement les sénégalais. Le leader n’est plus nécessairement un politicien expérimenté mais un citoyen pouvant venir de toutes les couches de la société. Le succès ne s’est pas fait attendre comme l’attestent les élections locales de 2009.

 

                      Cette structure nouvelle et innovante sera même reconduite lors de la présidentielle. Hélas, l’idée ne fit pas long feu. Les candidats des mouvements citoyens se sont retrouvés moins de trois ans après avec des scores peu satisfaisants lors de la présidentielle et des législatives.

Les raisons sont à chercher sur le caractère symbolique que renvoie l’image du président de la République. Père de la nation, il doit être quelqu’un qui soit bien connu des sénégalais. Et c’est cela le point faible des candidats quasi-néophytes en politique et mal connus sur le plan national.

 

                   En définitive, le parti politique traditionnel, fort de son expérience à travers les années de lutte ou de gestion du pouvoir est difficile à déloger du subconscient de l’homo-senegalensis. Malgré toutes les critiques, il a encore un bel avenir. Ni la nouveauté dans le discours, ni la proximité des leaders « indépendants » ne semblent suffire pour  vaincre l’hégémonie des partis politiques. Les sénégalais préfèrent élire un «  technocrate » au niveau local mais pas à  la magistrature suprême.

 

Mohamed Seck

La polygamie a-t-elle toujours sa place dans notre société ?

Par Le jeudi 27 février 2014

02042012280-5.jpgComme partout en Afrique, la jeunesse subit un choc des cultures. Les tendances du monde se retrouvent aussi au pays de la Téranga. Dans cette marche au pas de charge vers le progrès, nous assistons à une occidentalisation à la sénégalaise.  Un bon nombre d’us et coutumes sont remis en cause comme la polygamie.

La polygamie a été pratiquée dans les sociétés traditionnelles africaines. Elle était pratiquée pour garantir une descendance et d’offrir un nombre de bras supplémentaires pour les travaux agricoles. La polygamie a été aussi pratiquée par les sociétés  européennes. D’ailleurs, son interdiction par la religion chrétienne s’est faite il n’y a de cela que quelques siècles. L’islam viendra réformer cette pratique pour n’autoriser que 4  femmes au maximum à la condition pour l’homme  de pouvoir subvenir aux besoins de la famille.

De nos jours, de moins en moins de jeunes deviennent polygames. Les raisons de ce changement sont à chercher dans l’évolution du comportement. Nous pouvons citer la durée des études qui repousse l’âge du mariage, la pauvreté qui frappe les zones rurales, la cherté de la vie en zone urbaine, mais surtout les problèmes familiaux. Au fond, c’est ce point qui gène les candidats à la polygamie. La page des faits divers est régulièrement approvisionné en histoires sinistres de jalousie entre coépouses.  Tout y passe de la bagarre, à la défiguration par l’acide, à l’eau bouillante en passant aux tentatives d’empoisonnement jusqu’à la guerre mystique. Le choix de ce statut matrimonial semble à long terme assombrir les perspectives d’une vie heureuse et tranquille. Cependant, il reste encore des hommes convaincus qu’il y a du bon dans cette manière de vivre.

Pourquoi continuer à soutenir la polygamie ? La première réponse qui me vient à l’esprit est que c’est une recommandation divine pour le musulman. De plus, il faut être courageux et le dire l’homme est naturellement polygame. Il a besoin de séduire. En poussant plus loin, la polygamie est bénéfique au couple dans ce sens qu’elle permet à l’épouse de se consacrer plus de temps pour son épanouissement.  Dans ce même registre, l’épouse sera moins perturbée par l’absence de son conjoint dont il est sûr qu’il n’ira pas courir les jupons mais sera bien chez sa coépouse. Pour éviter certaines dérives, il serait mieux que tout se fasse dans les liens du mariage. Enfin, n’oublions pas que nous sommes dans une société du partage. Les coépouses forment une même famille, les enfants ne sont pas ceux de leur mère mais de la famille. Il ne saurait donc y avoir une jalousie entre demi-frères ou demi-sœurs.

La polygamie malgré tout continue à soulever des passions. Pour ou contre, souvent notre position sociale décide pour nous.  L’homme est de nature polygame et les femmes le savent bien. Toutefois la femme sénégalaise a  développé tout un arsenal pour garder son homme. Souvent, de nouvelles noces du mari sont vécues par la première épouse comme une défaite. Je suis de ceux qui soutiennent la polygamie. Je pense que la bonne entente entre le mari et ses épouses permet de garantir un climat apaisé et bénéfique à tous. Messieurs soyez justes, attentifs et posés ; j’ai foi que tout se passera bien.

Mohamed Seck