Ce que j’ai vu prés de l’aéroport n’honore personne. Il y avait sur place de « futurs » pèlerins, aux lieux saints de l’islam, déboussolés, désorientés, inquiets. Ceux que j’ai vus vivent dans l’angoisse.
Ils attendent avec impatience la délivrance qui passe par l’obtention de leur visa. Il y a sous le hangar plus d’us d’une centaine de probables pèlerins qui gardent espoir, qui n’ont pour seule consolation que la promesse des autorités étatiques.
L’année dernière, ma sœur est restée ici pendant cinq jours. Elle était finalement partie à la Mecque.
Des gendarmes assurent la sécurité. Non loin du hangar, des restaurants de fortune et une mosquée de fortune sont fréquentés par ces camarades d’infortune.
Quelques phrases entendues :
Au téléphone, un probable pèlerin dira :« Yalna visas yi gueen, mangui fi ci hangar bi. ». Un peu plus loin, un autre se désola :
« C'est un manque d'organisation notoire. Comment ont-ils pu faire pour dépasser le quota qui nous est alloué. »
"Priez pour nous. Nous ne voulons qu'une chose : partir. »
« L'adjoint est plus compètent que le commissaire. », Lâcha cette dame qui avait quitté le hangar pour préparer son thé à la menthe.
"C'est l'image du Sénégal qu'on vient d'écorner. Ailleurs, les gens riront sous cape, ils ne nous prendront pas au sérieux.", ajoutera un chauffeur de taxi.
Une chose est sûre : Le commissaire au pèlerinage et son fils en auront pris pour leur grade.
Devant la tente, assis sur des chaises, ces futurs pèlerins se paient de l'arachide histoire de tuer le temps.
« InchaAllah leep dina baax » est la seule formule qui put rassurer ces pèlerins obligés de passer la nuit dans des conditions assez dures. Ils dormiront sous la tente et n’auront pas droit à un semblant de luxe ou plutôt de confort.
Une dame dira : « Nga taggu aduna bi yëp, bëgg dellu watt sa kër ».
Un des responsables des Aéroports du Sénégal nous confia qu’il n’y aurait pas de vol cette nuit, que les gens feraient mieux de rentrer chez eux ou quelque part om ils pourraient passer la nuit décemment.
Mais pour la plupart cette situation est à vivre en temps réel, de peur d’être à nouveau surpris par un autre type d’amateurisme inqualifiable. Il y en a qui ne mettent pas de gants et soutiennent qu’il y a eu trafic, deals, vente frauduleuse ou confiscation de passeports. Bref des choses inadmissibles ont eu lieu pour qu’on en arrive à ce stade de désolation.
Les responsabilités seront situées plus tard. Hélas ! D’ici là, les autorités diplomatiques sont devant le fait accompli. Elles essaient tant bien que mal de gérer la situation
M. Macky Sall est appelé à la rescousse. Et les gens souhaitent une issue heureuse c’est-à-dire partir à tout prix plutôt que d’affronter le regard des autres qui se moqueraient d’eux, peut-être.
A l’impossible, nul n’est tenu, avions-nous envie de dire. Mais, …
Le regard de l’autre nous pèse et nous dicte paradoxalement la conduite à tenir. Il nous faudrait arriver à un stade où chacun vivrait sa vie et ne se laisserait pas si facilement perturber par ces histoires de qu’en dira-t-on.
Si toutes les conditions sont réunies qu’ils partent. S’ils doivent souffrir en Arabie Saoudite comme ils sont en train de le faire présentement qu’ils restent et affrontent le regard des autres : un point, un trait
Vivement une issue heureuse. Plus jamais ça !
14/09/2015