A la prison de Rebeuss : on te plonge ( beuss) et te replonge (rebeuss) dans l’enfer carcéral !
PARTIE I
Mardi matin, jour de visite à la prison de Rebeuss. Un petit détour au marché de Sandaga afin de tenir une promesse que j’avais faite à un parent qui y est détenu. A neuf heures et un quart, je me présentai devant les deux gardes pénitentiaires qui recevaient les colis ou l’argent à déposer pour les détenus. Sur place, on te plonge (beuss) et te replonge (rebeuss) dans l’enfer carcéral.
Ayant finalement renoncé à la visite pour laquelle je m’étais déplacé, car craignant d’être en retard au rendez-vous que nous avions avec notre lunetier à Ouakam. Je décidai ainsi de sortir par l’autre porte de Rebeuss : celle qui mène sur la corniche. J’eus l’occasion de lire l’offre du restaurant officiel jouxtant la prison.
Plus loin, par un concours de circonstances, je rencontrai un homme de teint noir, un peu barbu qui m’interpella, par ces termes :
-Salut grand, vous allez bien j’espère ?
Alhamdoulilah, Dieu merci. Je vais bien, lui répondis-je.
-S’il vous plait, j’ai besoin d’émettre un coup de fil. Pourriez-vous m’aider à joindre un ami ? Je sors fraîchement de cette prison et je voudrais qu’il vienne me trouver au Palais de justice Lat Dior.
Je vois. Mais, il se trouve que je doive me payer un forfait. Pour ne faire de pub, nous n’évoquerons pas le nom de l’opérateur téléphonique.
Sentant que j’étais un peu réticent, il déplia le papier qu’il avait par devers lui pour me le présenter. Il s’agissait de son trésor : un certificat d’expiration de peine. En réalité, il venait de purger une peine de deux mois ferme à ladite prison.
Nous cherchâmes une boutique que nous trouvâmes quelque part dans ce quartier rendu célèbre par sa prison. Une fois à la boutique, nous nous payâmes le forfait avant de composer le numéro qu’il m’indiqua. Au bout du fil, un homme qui ne cessait de nous remercier lorsqu’il sut que nous avions aidé son ami dont nous tairons le nom.
Une fois le coup de fil terminé, il voulut en savoir un peu sur le détenu que j’étais passé voir. Il nous aida ; à sa manière pour se racheter car il me répétait, à satiété, me devoir une dette pour le service que je lui ai rendu.
Nous choisîmes de nous asseoir sur un des bancs en bois posés devant un salon de coiffure. Tranquillement, nous menions notre discussion. Il disait qu’il avait envie de parler, de se confier ; alors que moi j’avais envie d’en connaître davantage, de découvrir, à travers son témoignage, certaines réalités carcérales.
C’était parti pour une longue série de questions/réponses « gagnant-gagnant». Il n’arrêta point de me sensibiliser sur la nécessité d’assister, autant que faire se pourra, mon parent en mauvaise posture. Il me donna, à cet effet une multitude de conseils. Il ne voulait même pas savoir les rasions ayant causé l’incarcération. « En prison, tout le monde est innocent », me disait-il.
Qu’en est-il de vos conditions de détention, à l’intérieur ?
- Les conditions de vie sont inhumaines dans ces cellules. J’étais pensionnaire de la chambre 4 où nous étions au total 264 détenus. Sais-tu que la chambre 4 a, à peu prés, la même dimension que cette boutique ; il me montra la boutique où nous nous trouvions plus tôt.
Je voulus pousser subtilement le bouchon plus loin en l’interrogeant sur la manière dont ils s’arrangeaient la nuit, dans cet espace.
-Il y a un chef de chambre nommé, du fait de son ancienneté. Il s’occupe de l’octroi des places aux différents pensionnaires. Tu y trouves des lits superposés. La nuit, ne pense pas avoir droit à un matelas ou à une position quelque peu confortable. Nombreux sont ceux qui s’asseyent de cette manière, toute la nuit durant. Sur ces entrefaites, il quitta le banc et s’assit à même le sol.
A suivre…
Diallo IBNOU