Ma vue coulait lentement comme sur des rails,
Comme sur des fils électriques, se tordant
Ennuyeusement au fond de l’espace ardent.
Et, le soleil s’engouffrait dans les entrailles
Des rochers, de loin, je l’observais, emportant
Ses rayons. J’imaginais ralentir le temps.
Recréer le lointain.
Repousser le prochain.
Sur ma terre fumante le malheur tiraille,
Hante, et règne en diable. O mon Dieu ! entend
Mon silence, son bruit des ailes, plus bruyant
Que mille bruits, rougir au fond de mes entailles.
Mes pieds sur l’asphalte, mes yeux au ciel,
Mon Dieu dîtes-moi pourquoi ce malheur mortel ?
Pourquoi nous les enfants ?
Pourquoi les innocents ?
O mon dieu ! Sommes-nous dans une forêt
Où le bonheur est en vitrine, île inaccessible
Dans une mer pleine de remous, bercée, orée
Par la souffrance comme un mûr in cognoscible ?
Et mes pas ne foulent plus l’herbe d’autrefois.
Homme cupide, homme parcimonieux rend moi
La joie, la gaieté,
La paix, la liberté.
Baïdy Ly, l’innocent.