Attention : ça cafouille !
Genèse :
Jeudi 20 Décembre 2012, Karim Wade, ancien Ministre des Infrastructures, des Transports, était convoqué à la Brigade des recherches de la Gendarmerie de Colobane pour les besoins de l’enquête menée par la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) sur les biens mal acquis par des dignitaires libéraux. Sur place des responsables du Parti Démocratique Sénégalais n’avaient pas manqué de faire le pied de grue en signe de soutien à leur camarade auditionné, répondant par instants aux questions des journalistes présents sur les lieux. Après des heures d’audition, le fils de l’ancien Président est autorisé à rentrer chez lui.
Vendredi 21, le réveil fut brutal pour bon nombre de Sénégalais. Pour cause : les « unes » de tout ou partie des journaux relayaient les propos de Maitre Amadou Lamine Sall ancien Ministre de la Justice sous le régime de Wade. De tels propos étaient adressés à M. Macky Sall et faisaient état d’une obéissance de la part de M. Macky Sall à des fins fétichistes.
Au courant du week end, plus précisément le dimanche 23 courant, M. Macky Sall présidant l’université d’été des jeunes de son parti l’Alliance Pour la République, était monté au créneau pour menacer tous ceux qui porteraient atteinte à son image.
La DIC refait surface :
Lundi 24, dans l’après midi des informations concordantes firent état de la convocation de Me Sall ancien Garde des sceaux, prévue le lendemain matin. Il fut cueilli manu militari chez lui. Il sera finalement libéré le Mercredi 26, après avoir passé 24 heures au Palais de justice Lat Dior.
Désolant. On aura raté le coche, avec cette affaire. Les règles de la démocratie voudraient que les autorités de la police judiciaire se saisissent de cette affaire sitôt les paroles jugées offensantes prononcées ou rapportées ; du moins pour ne pas donner l’impression d’une instrumentalisation par les pouvoirs exécutif et/ ou judiciaire.
De grâce qu’on ne fasse pas preuve d’excès de zèle. Les propos prêtés à Me Sall sont certes irrespectueux s’ils visent l’institution que représente M. Macky Sall mais purement politiques s’ils sont adressés au chef du parti Alliance Pour la République. En sus, nous sommes de ceux qui pensent qu’il s’agissait d’une affaire purement politique. On n’a pas besoin d’exhumer les fameux articles 80 de la Constitution du Sénégal et 254 du code pénal pour parler de délit d’offense au Chef de l’Etat. Soit dit en passant, de tels articles ne qualifient pas de façon assez claire ledit délit : tout est laissé à l’appréciation du juge, paradoxalement.
Les règles de la démocratie devraient être respectées de part et d’autre par les acteurs politiques ; afin que cessent quolibets, insultes et propos discourtois rapportés, hélas, par la presse. Les frontières entre liberté d’expression et marques d’autoritarisme gagneraient à être retracées, pour que triomphent les valeurs de la République.
Et si on s’intéressait de façon plus sérieuse à la place qu’occupent les fétiches et recours au marabout dans la mentalité des hommes politiques Sénégalais ?
M. DIALLO IBNOU
Doctorant ès Lettres Modernes,
Option Grammaire Moderne
Professeur de Lettres Modernes
( ibndiallo@gmail.com)
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