Samedi après-midi, trois jeunes dames se rendant à une cérémonie décidèrent de prendre un minibus TATA de la ligne 51. Six garçons les rejoignirent à partir du rond-point Guuy gi. Le minibus était surchargé. Le receveur ne cessait de répéter la consigne : "Svp, Avancez, pour accueillir les autres passagers". Les clients les plus pressés et les plus déterminés faisaient des efforts pour monter, acheter un ticket et trouver une hypothétique place debout.
Une des récentes chansons de Waly Seck nous tenait compagnie. À la cité Pénitence, une polémique se déclencha entre un garçon et l'une des dames qui portait un boubou orange.
Le garçon, qui avait mis un polo et une casquette rose, venait de présenter ses excuses à une autre dame qui portait une taille basse de couleur verte. Le garçon soutient s’être appuyé sur elle par conséquent il l’a touchée sans chercher à frotter une quelconque partie de son corps. Son amie (au boubou orange qui se surnomme Ndéye) intervint pour demander au garçon de se déplacer. Elle se tourna, prit son téléphone pour réaliser des selfies.
Le garçon qui venait de s'excuser plaça un commentaire. Sans le savoir, il mit le feu aux poudres. « Si vous voulez voyager dans des conditions confortables, il faudrait trouver un taxi. »
Il ajoutait :
- Comment une grande dame (une mère), comme toi, peut perdre son temps pour des selfies sur Snapchat ? Quel culot !
Ndéye n’en revenait pas. Elle lui rappela l'incident avant de lui demander de se taire. Sur un ton taquin, le garçon lui disait que cette application était conçue pour aider certaines femmes à paraître belles. S'ensuivirent des insultes de toutes sortes. En un temps record, Ndéye en sortit une vingtaine, les unes plus déguelasses que les autres.
Ces deux clients spéciaux en avaient fait une question d'honneur. Ce qu'ils ignoraient, au passage, c'est qu'ils se donnaient en spectacle. La fille se levait toutes les deux minutes pour crier, insulter de mère le garçon qui, en retour, riait, se moquait de la pauvre dame. Telles des flèches, les paroles faisaient mal à ceux qui les recevaient sans oublier ceux qui étaient obligés de les entendre.
Ses amies n'avaient pu la convaincre. Ndéye pensait tenir le bon bout. Elle manquait de retenue.
Nous assistions ainsi à ce triste spectacle sans pouvoir les calmer. Après plus de dix minutes d’échanges houleux, ils observèrent enfin une pause bien méritée. Ils avaient besoin de respirer car ayant compris qu'il n'était pas seulement question de grandes gueules.
Cette accalmie fut exploitée pour un rappel à la raison. Répondre à la provocation n’est pas toujours la bonne option.
11/04/2021