Dimanche matin, profitant de notre repos dominical, nous prîmes la résolution de nous rendre à Ouakam, plus précisément à la Cité Avions jouxtant le mur de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor. Nous étions au rond-point Jet d’eau quand nous hélâmes un taxi. La négociation pour tomber d’accord sur un prix ne dura pas plus de 45 secondes. Mille francs faisait l’affaire.
Dans le taxi, nous n’eûmes pas le temps de nous ennuyer. A peine étions nous installés que nous profitâmes des sonorités rétro du chanteur Sénégalais Omar Péne que le magnétoscope distillait. Il nous mena à bon port et se dirigea après notre descente vers l’ancienne piste. Nous n’avions même pas envie de quitter notre siège. Le confort était de mise. En outre, le chauffeur, malgré sa jeunesse faisait preuve de maturité ; conduisant prudemment en respectant le code de la route.
Moins de cinq minutes plus tard, ma femme se rendit compte qu’elle avait laissé son téléphone dans ledit taxi. Désespérée, elle s’était déjà faite à l’idée de perdre son appareil. D’autant plus que celui-ci était en mode silencieux. Elle se disait qu’à défaut du chauffeur ce serait un client véreux qui prendrait l’objet à l’insu du proprio. Nous tentâmes le coup, quand même ; en appelant sur son numéro. Au bout de quatre essais, nous eûmes au bout du fil le chauffeur qui nous promit de revenir à l’endroit où il nous avait déposés.
Ce qu’il fit du reste, à notre grande surprise. Il expliqua les circonstances dans lesquelles il avait repéré le « call ». Pour le remercier, suite à son acte qui sortait de l’ordinaire, nous négociâmes une autre course, histoire d’être quitte avec notre conscience. Durant le trajet, nous ne cessions de lui témoigner toute notre gratitude ; il n’était pas obligé de restituer le mobile.
Se tenant coi, il répétait à satiété qu’il faudrait rester digne dans la vie, surtout dans son travail pour être en phase avec sa foi. Il nous apprit, par ailleurs, qu’un cas similaire lui était arrivé récemment. Et qu’il s’agissait d’un client qui laissa, deux jours après l’achat, son terminal I Phone 4. Fidèle à lui-même, il avait rendu le trésor à son proprio. Ce chauffeur est exemplaire à bien des égards. En est-il ainsi des autres ?
Deuxième dimanche. Quel chauffeur de taxi incorrect !
Au petit matin, nous prîmes notre sac-poubelle pour nous rendre au rond-point Khayma sis entre les quartiers Bopp, Niary Tally et Zone A. Au moment de traverser l’une des deux voies du quartier éponyme, pour la benne à ordures ménagères garée sur la partie sablonneuse du rond-point, un fait que nous n’oublierons pas de sitôt se produisit.
Il est six heures et quarante trois minutes, un chauffeur de taxi, en blouson bleu, descendit de sa voiture immatriculée DK 293.AN, à l’arrière on y avait inscrit un numéro de téléphone 7649286... La voiture en question était de marque Renault Logan sur l’un des côtés était indiqué : cinq places dont un fauteuil roulant.
Venons-en aux faits : lorsqu’il gara sur l’un des pans du sens interdit, nous eûmes le culot, à nos risques et périls, de lui signifier qu’il n’en avait pas le droit. Il nous rétorqua qu’il le savait ; et que nous ne savions pas pourquoi il enfreignait le code de la route en se stationnant en face du studio de photo situé au rez-de-chaussée de l’immeuble abritant l’école de formation COSEFOR.
Sentant qu’il s’agirait d’un dialogue de sourds, nous allâmes à la benne et déversâmes notre sachet avant de revenir sur nos pas. Il lança à notre endroit :
-Un musulman ne doit pas juger
- Nous lui répondîmes : un musulman doit aussi faire ce qui est juste. Et puis qui lui avait dit que nous étions musulman ?
Nous le vîmes, après cet échange, muni d’une bouteille d’eau Kiréne de 1,5 litre, se diriger vers les quelques rares fleurs, des lauriers roses rouges qui s’y trouvent ; transformant ce semblant d’espace vert en toilettes publiques. Il se soulagea ainsi. Ce qui était inadmissible.
Stupéfaits, nous luis disions que chacun de nous devrait faire des efforts pour que le Sénégal aille de l’avant. Vivement que chaque Sénégalais mette sa main à la pâte pour la bonne marche du pays. L’incivisme ne mène nulle part, n’est-ce pas ?
Autre dimanche matin. Autre localité. Autres réalités.
A Saint-Louis, le tarif fixé pour les courses à bord de taxi est presque le même (500frs durant la journée) quand il s’agit de la ville. Un autre dimanche matin, nous quittâmes le cimetière de Sor dénommé Marmiyaal pour nous rendre à l’autre appelé Thiéme ou Thiaka Ndiaye. Sur la corniche nous eûmes droit à une belle vue de la ville avec des habitations de l’île que nous apercevions de l’autre côté du fleuve.
Le premier chauffeur de taxi interpelé nous apprit qu’il ne comptait pas traverser le pont Faidherbe. Quant au second il nous prit et dix mètres plus loin, s’arrêta pour un autre client qui se rendait comme nous au même endroit. Une particularité régionale : plusieurs clients de destinations différentes pouvaient se retrouver en même temps dans un taxi sans que ça ne choquât. Contrairement à Dakar où on ne partage pas le taxi.
L’autre client avait un problème. Il ne pouvait se faire à l’idée de payer la somme se disant qu’il n’était pas seul dans la voiture. Il poursuivit j’ai garé ma voiture chez moi, voici mes clés, reconnais quand même que tu en fais trop. Tu ne devrais facturer la même somme à deux clients descendant au même endroit ; ne serait-ce qu’une petite réduction d’au moins 100frs s’imposait. Hélas ! Le gars était sans scrupule.
Retour à Dakar
Jeudi matin. Au marché des HLM, à l’arrêt des bus, nous attendions tranquillement le 11. Le défilé des véhicules était ininterrompu : véhicules particuliers, cars rapides, camions, minibus, vélo, motos et autres passaient.
A moins d’une quinzaine de mètres de nous, un agent de la circulation long de presque 1m90, en uniforme bleu de nuit, avec de grosses lunettes s’occupait des taxis qui roulaient sans client sur cet axe.
Il fit stationner un taxi de marque Peugeot 405, immatriculé DK 45…T, conduit par un jeune, la trentaine environ, avec des dread locks enroulés dans un bonnet, habillé en jean bleu et polo.
Le policier se rendit compte d’une irrégularité lorsqu’il procéda au contrôle : tous les papiers n’étaient pas en règle. Fort de ce constat, il garda par devers lui la carte grise de la voiture pour ensuite se mettre de l’autre côté de la chaussée. Convenons-en la pratique est connue de tous : l’agent en faction confisque une pièce afin d’inciter le conducteur fautif à transiger.
Le taximan serra sa voiture sur le bas-côté de la route. Il quitta son univers muni de son permis de transport ; auparavant il avait pris le soin de glisser un billet de 1000 francs à l’intérieur dudit permis plié en trois, pou aller retrouver l’agent qui se faisait discret.
Sur ces entrefaites, nous fîmes signe au chauffeur du bus tant attendu : le 11. Nous ne connaitrons pas la suite.
Y a-t-il eu « deal » entre l’agent et le chauffeur ? En d’autres termes
Le premier s’est-il laissé corrompre (ce qui est souvent le cas) par le second ?
Aura-t-il pris le billet pour se comporter en « mange mille », vu que le mois était creux ? Nous ne saurions répondre à ces questions. Excusez-nous de devoir vous laisser sur votre faim.
Chronique neuvième
Diallo Ibnou