A la sortie du lycée nous nous dirigeâmes à la hâte vers la Poste de Thiaroye. Nous eûmes l’occasion de nous émerveiller devant la finesse avec laquelle les travailleurs de la société EIFFAGE exécutaient les travaux pour l’implantation de l’autoroute à péage. Ils mesuraient avec minutie et indiquaient au conducteur du gros bulldozer de la marque américaine Caterpillar la surface à gratter en vue d’une pente à aménager la future gare de péage de Thiaroye.
Non loin de là, nous eûmes droit à une place assise dans un des nouveaux bus de la récente ligne 218 qui va du terminus du réseau Dakar Dem Dikk situé derrière la poste Thiaroye à Ouakam en passant par l’autoroute. Le voyage se déroula paisiblement, sans embouteillage jusqu’à la Patte d’oie où nous descendîmes pour prendre un autre axe : nous entrecoupâmes comme à l’accoutumée notre parcours.
Au bout de cinq longues minutes, du fait de la fatigue accumulée, nous aperçûmes un bus. Après quelques foulées nous nous engouffrâmes dans le bus et n’eûmes qu’une place debout. Il s’agissait de la ligne 12 allant de Guèdiawaye au palais suivant une séquence de l’autoroute.
Nous pûmes trouver une position assez confortable au milieu des clients lorsque le chauffeur prit l’axe Front de terre - avenue Bourguiba, un fait inédit attira notre attention. Une jeune fille communément appelée « ibadou », vêtue d’un pantalon et d’une chemise multicolores avec des ballerines, la dizaine environ, assise sur son sac de voyage (de couleurs bleu - gris) épluchait son pamplemousse en laissant tomber le zeste. Nous ne manquâmes point d’attirer son attention à travers un signe de la tête que nous lui fîmes pour indiquer le caractère insalubre de son action .Ce qu’elle comprit, tout en s’affairant à rassembler la pelure aidée par une femme, quarantenaire avec une écharpe de couleur beige et des lunettes. Ensemble elles jetèrent à travers la vitre entrouverte, la peau du fruit ramassé. Convenons-en ce fut un moindre mal car en refusant de salir le bus, elles salirent la rue. Bienvenue au Sénégal !
Une fois débarrassées de cette peau encombrante elles goutaient non sans grimace à cause de l’acidité de cet agrume. Aux deux voies menant vers le quartier résidentiel, nous descendîmes du bus car la société DDD, craignant le saccage de ses joyaux par des étudiants de la FASTEF en furie réclamant leurs bourses, avait changé une partie de son itinéraire.
M. DIALLO IBNOU
Doctorant ès Lettres Modernes, Option Grammaire Moderne
Professeur de Lettres Modernes ( ibndiallo@gmail.com)
Blog : ibnoze.seneweb.com
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