Samedi après-midi, le chauffeur du bus 3D (Dakar Dem Dikk pour tous ceux qui parcourraient pour la première fois cette chronique) roulait à vive allure : nous fîmes quelques foulées, histoire de lui montrer que nous nous dirigions vers l’arrêt d’à-côté. Une fois dans le bus, nous mîmes du temps pour souffler avant de nous trouver une place assise à l’arrière.
La voie était dégagée. De fait, en moins de dix minutes, nous pûmes rallier l’Université Cheikh Anta Diop à partir de la Sicap Rue 10.
Juste devant le Temple du savoir, nous vîmes entrer dans le car quatre personnes : toutes de la société 3D. Si les deux premiers étaient des contrôleurs ; les deux autres étaient superviseurs. Parmi ces derniers l’un qui détenait par devers lui son émetteur-récepteur radio portatif Talkie Walkie des années « mille neuf cent je ne sais plus quoi », n’avait pas manqué de demander au receveur si tout se passait bien. Oui lui avait répondu ce dernier. Alors que l’autre s’entretenait, par moments, avec le conducteur.
Pour en revenir aux contrôleurs, au moment où le presque « barbu » s’occupait des clients situés à l’avant du bus c’est-à-dire entre le receveur et le chauffeur ; l’autre, casquette bien vissée, se chargeait du reste : de ceux qui étaient à l’arrière à partir du receveur. Nous en faisions de ces derniers. Voyant ledit contrôleur se diriger vers nous, badge en bandoulière pour nous demander notre ticket, nous brandîmes notre carte d’abonné qui, du reste, nous épargne pas mal de difficultés liées à la monnaie ou à la queue pour l’achat de ticket, sans oublier des dépenses énormes, du fait de nos innombrables déplacements. Après avoir fait le tour, le contrôleur revient sur ses pas pour interpeller un usager, la quarantaine environ, qui n’avait pas pu lui présenter patte blanche lors de son premier passage. Ce client eut sûrement des sueurs froides lorsqu’il ressentit la plupart des regards se cristalliser sur sa personne pendant qu’il cherchait son billet dans les moindres recoins des poches du caftan qu’il avait enfilé. Tandis que le contrôleur attendait avec une petite dose d’impatience, le ticket demandé, le client en question, jetait désespérément des coups d’œil à gauche, à droite. Heureusement, au bout de deux minutes, il retrouva par terre son sésame, égaré alors qu’il égrenait son chapelet.
Visiblement il y a eu plus de peur que de mal. A la descente des quatre agents de la société DDD nous épiloguâmes sur l’humiliation qui guettait ce client s’il n’arrivait pas à présenter son ticket. Nous pensions tous que ce serait un sacré coup de massue sur la dignité d’un client (fautif). Au premier arrêt de bus après le rond-point de Sahm, sur les deux voies menant au marché Tilène, nous appuyâmes sur l’un des nombreux boutons destinés aux demandes d’arrêt. Dés que nous quittâmes le bus : d’une part puisqu’une consigne pertinemment placée à l’entrée ou à la sortie (c’est selon), nous indiquait « Ne restez pas ici » ; et d’autre part vu que nous étions presque arrivés à bon port. Juste à notre descente, nous repérâmes un couple de jeunes arabes, qui à une vingtaine de mètres du bus semblaient hésitants jusqu’à l’instant où l’homme sentant la possibilité de se faire aider par le conducteur du bus qui venait de redémarrer, fit quelques foulées avant de taper du poing sur la carrosse. Aussitôt après, le chauffeur freina et la femme fit la même action, faisant ainsi preuve de joggeuse accomplie, pour rejoindre son « homme ». Ils partirent ainsi. Les rares personnes que nous croisâmes sitôt après, affirmèrent que ces arabes étaient de fins sprinters.
Chronique numéro 4. Dans un bus DDD, par Diallo Ibnou.