Le deuxième numéro de la série We read for you a eu lieu au WARC ce jeudi 25 Juin 2015
Monsieur Samba Gadjigo a présenté son livre Ousmane Sembène, Une conscience africaine
Dés l’entame de son propos, M. Gadjigo évoqua la maxime « Nul n’est prophète chez soi » pour montrer le paradoxe ayant fait que Sembène Ousmane soit connu un peu partout à travers le monde, tout en demeurant un « illustre inconnu au Sénégal. »
M. Gadjigo précisa tout de même que l’homme ne conquiert et n’acquiert sa dignité que chez soi.
« L’histoire, elle-même, est faîte de silence. », dira-t-il, en soulignant le caractère sélectif relatif à certaines séquences qu’on choisirait délibérément de taire. Il précisa tout de même que « La culture ne se construit que sur le terreau fertile de la mémoire collective.»
M. Gadjigo apporta une précision de taille : c’est par la poésie que Sembène est arrivé à la littérature. Sembène ajouta-t-il avait emprunté à Paul Eluard le titre d’un de ses poèmes « Liberté ». L’auteur du premier tome de la biographie de Sembène déclama ledit poème.
L’artiste doit participer, d’après Sembène, à la construction nationale. »
Sur les bords d’un grand fleuve : l’enfance de Sembène qui symbolise la première partie de l’ouvrage occupa une place de choix dans sa communication.
Il insista sur la richesse et la complexité de la vie de Sembène. Il passa en revue ses différentes casquettes : Sembène le jeune turbulent qui donna du fil à retordre à ses parents, qui gifla son Directeur d’école à 13 ans et qui fut exclu de l’école, qui sortit de l’armée sans grade ; Sembène le maçon, le pêcheur, le docker, l’autodidacte, le cinéaste, l’écrivain, entre autres casquettes.
Ousmane Sembène a joué un tour au destin : telle est la conviction de M. Gadjigo qui souligna que rien ne le prédestinait à une telle carrière.
Nourri du mirage de l’ailleurs, Sembène Ousmane est parti en France. Il dira : « Tukki, tekki ; took, torox »
Marseille a marqué un tournant décisif dans la vie de cet illustre cinéaste qui a eu à militer à travers son œuvre. « Je n’ai rien reçu de l’école, j’ai tout reçu de l’armée et des dockers. »
Prenant le contrepied des précurseurs du mouvement de la Négritude, Sembène, renchérissait M. Gadjigo les considérait comme des intellectuels en mal de solitude, car, selon l’auteur du Docker noir, Ce n’était pas une littérature de combat, mais d’acceptation. »
Il n’y a que la culture qui peut libérer l’Afrique. L’Afrique va disparaître si elle ne contrôle pas son image, affirmait l’auteur du film Guelwaar.
M. Gadjigo regretta que tout notre patrimoine culturel soit en train de pourrir : ce qui l’exaspérait, c’est que nous continuions de célébrer nos bourreaux à l’instar du Général De Gaulle qui, pourtant en 1944, même l’autonomie interne pour les anciennes colonies n’est pas à envisager.
L’auteur du célèbre roman Les bouts de bois de dieu est venu au cinéma par nécessité politique, pour atteindre le plus grand nombre, pour sensibiliser. Pour Sembène, le cinéma est une école du soir.
Selon M. Gadjigo, Ousmane Sembène est un célèbre inconnu au Sénégal qui a voulu vivre sa vie d’artiste suivant les normes de l’Afrique.
Un peu de militantisme
M. Gadjigo retraça quelques séquences très significatives dans la vie de cet ancien Cgtiste, qui a quitté le Parti communiste français et a milité au sein du Parti Africain de l’Indépendance de Majmouth Diop.
Des problèmes, Sembène en a eu avec les autorités politiques : Senghor…, Ceddo
Dans sa carrière, Sembéne aura traversé le désert et est resté pendant une assez longue période sans publier de livre, parce qu’il a toujours voulu conserver l’intégrité et l’intégralité de son œuvre.
Avec Ceddo, Sembène Ousmane a voulu exercer son libre arbitre, son analyse sur l’islam.
Un véritable travail documentaire aura été mené dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage
Des déplacements furent effectués en France, en Casamance auprès de L'Abbè Diamacoune Senghor ,etc.
Sitôt son allocution terminée, le public eut droit au chapitre pour une série de questions/réponses avec M. Gadjigo. Les questions ont eu trait à la vie militante, au rapport entre livre et film, au panafricanisme, à la relation entre Niakoro et Adjibidji, etc.
M. Bouba Diémé procéda à un tirage au sort pour offrir le livre à un des membres du public. La séance prit fin vers 17heures.
PS : M. Samba Gadjigo est professeur au Mount Holyoke College, Département de français