Ce magazine diffusé du lundi au jeudi, à partir de neuf heures du matin sur la 2S TV, rediffusé tard dans la soirée est, sans conteste, l'une des rencontres les plus intéressantes proposées par des chaînes locales.
« SENEGAL CA KANAM[1] » porte la marque de fabrique d'un présentateur, somme toute, atypique. En effet, Mamadou Sy Tounkara qui a fini de se payer une place de choix aussi bien dans l'éducation à la citoyenneté et dans le paysage audiovisuel, depuis son passage au Grand Rendez-vous diffusée sur la même chaine, malmène très souvent ses invités.
Autant le dire son franc-parler déconcertant laisse peu de gens indifférents. Nous en voulons pour preuve deux séquences :
- recevant un imam ayant rejoint la scène politique, il lui demanda séance tenante s'il ne lui arrivait pas de mentir.
- avec le fonctionnaire qui voulait se montrer diplomate, il essaya de savoir si son interlocuteur ne faisait pas des pieds et des mains pour ne pas être démis.
Qu'on l'aime, qu'on ne l'aime pas, il fait montre d'un optimisme tel que l'intérêt supérieur de la nation le poussant à faire dire à ses invités ce qu'ils n'aimeraient pas forcément dire.
Mardi 14 octobre, M. Tounkara reçut tour à tour ces invités :
M. Alioune Aw, Chef de la division de la Médecine traditionnelle au ministère de la Santé, du fait de son statut de fonctionnaire était dans l'obligation de réserve. Aussi ne pouvait-il pas dire certaines choses. Et pourtant, il rejoignait par moments, M. Tounkara qui reprochait aux autorités de n'avoir pas réactualisé la base de données des tradipraticiens exerçant au Sénégal (le dernier recensement remontait en 2003).
Sur le plateau, M. Aw rappela l'interdiction de la publicité que font passer en boucle des organes de presse et les critères de l'OMS pour exercer la médecine traditionnelle notamment la notoriété, la sédentarité, l'évidence ethno médicale, l'accessibilité géographique et le coût.
M. Aw était très remonté contre les patrons de presse qui cautionnaient la publicité pour des charlatans ou vendeurs d'illusions ; quant à Tounkara, il avait du mal à se faire à l'idée qu'on n'ait pas de cadre juridique pour encadrer ce secteur : il énuméra quatre niveaux de négligence à mettre à l'actif de l'État.
MM. Aw et Tounkara polémiquèrent ainsi sur ce qu'il fallait considérer comme négligence de la part des autorités pour le présentateur ou retard selon l'invité.
Mambaye Tounkara : il parla du chemin de fer et du projet de relance tout en insistant sur l'échec de la privatisation. M. Mambaye préconisa la réhabilitation du réseau ferroviaire qui constitue un héritage colonial.
Abdou Karim Gueye : ex membre du mouvement Y EN A MARRE, M. Gueye était sur le plateau pour le compte du mouvement NITTU DЁGG. Le rappeur Karim Xrum Xakk, ayant à son actif deux albums, déclina les principes dudit mouvement et les actions qu'ils avaient menées.
M. Gueye ne cacha pas son insatisfaction : il est très remonté contre l'actuel régime et souhaiterait à travers leur posture d'être présent à la place Soweto pour changer prochainement le cours des choses.
Il reprocha à M. Macky ses sorties réservées exclusivement aux médias internationaux comme si les Sénégalais ne l'avaient pas élu. A la fin de l'entrevue, nous eûmes droit à son free-style.
Patrick Mounaty Coly : titulaire d'un Certificat de Maitrise à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, M. Coly, par ailleurs ancien du village C à Sanar, est actuellement Professeur d'Anglais à Mbour.
Avec M. Tounkara, les échanges ne furent guère tumultueux. Ils s'entendaient sur beaucoup de points et l'entretien fut fructueux.
M. Coly présenta l'historique du mouvement Hip Hop à travers un tableau regroupant les grands noms du rap US.
M. Coly parla aussi de son initiative Talents scolaires consistant à encadrer sur le plan artistique des élèves. Une initiative qu'il entend vulgariser à travers le Sénégal. M. Coly défendit une autre approche qui permettrait de mettre en avant les aptitudes des élèves dés le bas-âge.
M. Tounkara jouit sur son plateau d'une liberté de ton et d'action ; ce qui n'est toujours le cas pour ses invités. Ce qui compte avec M. Tounkara, c'est qu'on prend conscience des richesses inestimables du pays : mer, fleuve, jeunesse, intelligence, ressources minières, etc.
Quelles que soient les difficultés, entonnons cet hymne Sénégal ca kanam !
[1] En avant, le Sénégal