Jeudi 19 Décembre 2013, nous accueillîmes à bras ouverts M. Seydou Badian Kouyaté au Lycée de Thiaroye.
Les cours furent suspendus à 9 heures. Des tentes avaient été installées sur le terrain de hand ball dudit lycée. Il y avait tout autour des table-bancs et des chaises réservées aux officiels. Vers 10heures, toutes les places étaient occupées et il fallait trouver d’autres chaises pour les invités de marque.
Autant le dire, la réussite de cet événement exceptionnel initié par Madame Sarr est démontrée par la venue en masse des élèves d’autres établissements environnants à l’instar des C.E.M Thiaroye 44, Les Martyrs, Thiaroye 2; et lointains à l’image du lycée de Mbao, de l’Institution Notre Dame et du CEM Ndiawar Sarr, Matar Seck de Rufisque, ODCP, Les Partenaires.
Le Micro Central était tenu par un trentenaire au tee-shirt WATI B assorti d’une casquette blanche. La cérémonie put démarra à 10h 45minutes lorsque nous accueillîmes chaleureusement notre hôte de marque. Le couple Kouyaté foula le sol du lycée et fut accompagné jusqu’aux places qui leur étaient réservées sous les applaudissements du public constitué en majorité de jeunes élèves.
La technologie aidant, nombreux étaient ceux qui voulurent immortaliser ces instants exceptionnels. Notre MC du jour présenta le programme et donna en premier la parole au Censeur du Lycée.
M. le Censeur Cheikh Oumar Thiam prononça le mot de bienvenue de la part de l’administration. Il s’est voulu bref tout en tenant à rappeler quelques séquences du roman le plus célèbre de notre honorable patriarche Seydou Badian Kouyaté. Il loua la contribution inestimable des œuvres de cet écrivain émérite au rayonnement culturel de l’Afrique. Il rappela les pages retraça quelques aspects thématiques notamment le mouton du père Benfa et le conflit de génération.
A sa suite Madame Sarr, professeur de Lettres ayant fait des pieds et des mains pour que cette réception ait lieu remercia M. Djiméra qui lui aura facilité la tâche. Elle rappela l’année de publication du premier roman de cet écrivain malien. Publié en 1957, Sous l’orage, selon ses termes, est resté une œuvre impérissable. Elle ajoutait que cet ouvrage inscrit au programme au Sénégal depuis 40 ans symbolisait un retour aux valeurs culturelles africaines. Avec la venue de cet écrivain monumental, ce qui lui paraissait lointain, légendaire ou mythique lui était désormais proche, réel, certain.
La présidente du Club de Littérature, d’Art et de Philosophie (CLAP) fit la présentation de l’écrivain. Elle est revenue sur son parcours universitaire sanctionné par une thèse de doctorat en Médecine Vétérinaire.
S’ensuivit un résumé de l’ouvrage phare de M. Kouyaté qualifié de triomphe de l’amour présenté par une autre élève du lycée de Thiaroye.
On invita ensuite des élèves de l’Institution Notre Dame à faire part au public les résultats de leurs recherches sur l’auteur. La première qualifia Seydou Badian Kouyaté de valeureux baobab de la littérature africaine.
La seconde mettra l’accent sur Noces sacrées, du même auteur et qui constitue le prolongement de Sous l’orage. Pour elle, Seydou Badian Kouyaté est un visionnaire, un gardien du temple.
L’élève Assane Sarr du lycée de Thiaroye fera le parallèle entre Seydou Badian Kouyaté et Léopold Sédar Senghor. A ce titre, il loua le retour aux valeurs traditionnelles qui devra s’accompagner d’une ouverture pour bâtir l’avenir.
M. Diéye sera désigné pour parler au nom de ses collègues. Ce spécialiste du seizième siècle salua dés l’entame de son propos l’illustre écrivain à la dimension internationale. Il évoquera les différentes postures de l’auteur : docteur, Ministre, sage, etc.
M. Djiméra, Président du RESACLAP qui regroupe l’ensemble des clubs de littérature d’art et de philosophie révéla à l’assistance qu’il voyait des jeunes tomber en liesse devant des sportifs, musiciens, etc. mais qu’il caressait le rêve de voir des jeunes tomber tout aussi en liesse devant des écrivains. Il dira que son rêve s’est enfin réalisé devant ce public diversifié pour saluer les lettres. M. Djiméra démontra que Sous l’orage était un chef d’œuvre vu qu’il traversait aussi bien le temps que l’espace. Principal responsable de la cérémonie, il avoua qu’au départ rien n’était évident eu égard à l’âge et au rang de M. Kouyaté. Il salua l’hommage mérité qui lui était rendu. Pour terminer, il confiera à l’assemblée les origines sénégalaises de Madame Kouyaté dont le frère Bonaventure Carvalho fut l’entraîneur de l’équipe nationale de basket ball. Il saisira cette occasion pour rappeler les liens plus que séculaires entre le Sénégal et le Mali.
M. Sambou, professeur de Lettres à Notre Dame pense que cette inestimable opportunité incitera tout le monde à la lecture.
Le CLAP remit un cadeau symbolique à M. Kouyaté.
Avant le moment tant attendu, M. Badiane qui accompagnait le couple dira que Seydou Badian Kouyaté est un panafricain convaincu qui a foi en la jeunesse. Avec sa prise de parole, les jeunes surent que c’est M. Kouyaté qui avait rédigé l’hymne national du Mali. Il soutint avoir eu le privilège d’habiter pendant quinze ans prés de chez Seydou Badian Kouyaté. Les Jeunes surent à cet instant que le Sénégal et le Mali avait de manière symbolique la même devise : Un Peuple, un But, une Foi.
Il prononça un mot de bienvenue en bambara sous les applaudissements nourris du public.
M. Seydou Badian Kouyaté après avoir tenu à remercier les organisateurs, les professeurs et élèves, nous gratifia à son tour d’un discours axé sur le dialogue, la solidarité. Le dialogue dira-t-il c’est hier, c’est aujourd’hui et c’est l’éternité. Il renchérissait nous devons marcher ensemble, avancer ensemble pour bâtir quelque chose pas en solitaire.
Nous ne pourrons jamais garder tout le passé avec nous. Nous devrons faire des choix dans le passé et dans le modernisme.
Pour conclure, il ajouta hier c’était nous, aujourd’hui c’est nous car nous avons quel que chose à vous donner.
La place fut ensuite faite à la foire aux questions dont la première avait trait au nom de famille s’il s’agissait de Kouyaté ou de Noumboïna. La deuxième question traduisait la préoccupation de cette élève voulant savoir comment M. Kouyaté arrivait à allier science et littérature.
La troisiéme question ètait l’occasion de se demanderpourquoi raviver la tradition. La posture de la femme africaine à travers la sagesse et la clairvoyance de maman Téné constituait l’avant dernière question. Dans la toute dernière M. Seck invita l’honorable écrivain à expliquer ce qui est à l’origine de son profond attachement au Mali et à l’Afrique.
M. Seydou Badian Kouyatè apportera des réponses claires à tous ces questionnements. Pour ce qui est de la première il retraça la genèse du double patronyme. Il donna les secrets d’un de ses entretiens avec son père. Pour lever toute équivoque, il dira avoir choisi Kouyaté comme nom de famille conformément à ce que sa maman lui avait dit. D’ailleurs, c’est ce qui figure sur ses cartes de visite disait-il.
M. Kouyaté invitera les jeunes élèves à essayer d’écrire, à oser et à persévérer car il estimait qu’ils étaient tous de potentiels écrivains. On naissait poète mais on devenait écrivain, rappelait-il. Le fait est qu’il ne faut point baisser les bras malgré les critiques et les mots de découragements. Le très sage Kouyaté considéra qu’il faut avoir foi en soi mais une foi modeste.
Seydou Badian Kouyaté se montra optimiste en répondant à une question qui s’était imposée à lui : l’actualité malienne. Je suis catastrophé devant ce qui frappe le Mali mais je ne me crois pas battu car j’ai confiance en la jeunesse. Je vous vois pensifs mais sachez que la vérité éclatera, l’Afrique avancera, l’Afrique vaincra parce que l’Afrique s’unira. Demain, il y aura l’Afrique et ses provinces.
La mère est toujours sacrée. Quand tu suis la mère tu montes, tu gravis des échelons. A cet effet, M. Kouyaté donna deux exemples Almamy Samory et El Hadji Omar. Nous devons tout à nos mamans. Si tu insultes le père c’est grave mais si tu insultes la mère c’est très, très grave.
Pour Seydou Badian Kouyaté son attachement à l’Afrique coulait de source dans la mesure où il était né africain, que c’était la terre de nos ancêtres. Et que c’était pour cette terre que nous allions mourir.
Sur ces mots, la cérémonie officielle prenait fin. Les organisateurs avaient ensuite donné rendez vous aux élèves à la FILDAK.
Madame Kouyaté profita d’un bain de foule que lui accorda un groupe de jeunes filles pour leur donner des conseils. Pleine de sagesse elle lâcha : « ayez du caractère. Sachez qui vous êtes. Vous valez de l’or. Faîtes-vous respecter. » Sur ce, elle utilisa sa canne pour se frayer un chemin afin d’accéder à la voiture. Laissant derrière elle ces filles qui promettaient de faire bon usage de ce viatique.
www.sunumbir.com