Thomas Sankara nous aurait dit l’impérialisme n’allez pas loin cette carotte, ces oignons, ce riz que nous mangeons c’est ça l’impérialisme.
Le prétexte est tout trouvé. Le retour à la terre doit être plus qu’un simple slogan, une piètre danse obscène. Notre espérance est qu’il soit bien réel.
En faisant le marché par ces temps qui courent, nous nous rendons compte du fossé qui ne cesse de s’agrandir entre d’autres pays et le nôtre. Notre dépendance a atteint des proportions insoupçonnées. Autant le dire, l’autosuffisance alimentaire est une pure utopie sous nos cieux. Et pour cause nous importons tout (ou presque) ce dont nous avons besoin.
Exemple premier : la carotte importée
En temps normal, le kilogramme de carottes peut être acheté à 300frs même s’il s’agit de la variété locale alors que depuis peu cette même quantité s’achète à 1000frs, celle-là est importée.
Inadmissible, et dire que nous étions soulevés contre le discours de Sarkozy. Alors que nos paysans ne peuvent pas nous assurer un approvisionnement en quantité suffisante. De notre entretien avec le spécialiste Mohamed Seck est ressortie l’idée selon laquelle de réelles recherches devraient être menées pour que la carotte soit cultivée durant toutes les saisons.
La carotte importée est, au contraire, plus belle, plus grosse, mais elle nous coûte cher. Elle a juste le mérite de nous rappeler le nécessaire retour à l’agriculture.
Exemple deuxième : la pomme de terre
Ce vieux retrouvé au marché a voulu nous vendre sa pomme de terre différente de celle que nous avions l’habitude d’acheter.
-Entre ces deux variétés, je te conseille de prendre la deuxiéme il mettait le doigt sur l’une de couleur rougeâtre. Il renchérissait c’est parce que l’autre est importée.
Notre propension au local nous incita à suivre son choix jusqu’à l’ instant où nous sûmes que toutes les deux variétés étaient, en réalité, importées la seule différence étant que l’une venait d’Europe et l’autre de l’Afrique plus précisément du Maroc. Catastrophé, nous lui disions venant d’Europe ou d’Afrique du Nord, plus précisément du Maroc, le mot « importation » renvoyait à la même signification.
Nous lui posâmes une question qui s’imposait à nous : pourquoi ne produisons-nous pas ce dont nous avons besoin ?
Le vieux nous répondit parce que nous manquions de poigne. Nous avons du mal à saisir l’essentiel. Tout le monde ne peut pas se travailler dans les bureaux. Il est temps que nous quittions Dakar, Thiés, Saint Louis, etc. pour les zones rurales.
Exemple troisième : l’oignon
-Occupons –nous de nos oignons
La variété locale est, à l’instar de la carotte, d’une qualité inférieure à celle importée. La production locale devrait juste être revalorisée afin de réduire la quantité importée. Nous devons nous occuper de nos oignons.
Exemple quatrième : le riz local, de Richard Toll ou de la vallée
Les importateurs se frottent toujours les mains avec des milliards ramassés à la faveur de leurs activités lucratives. Par acquit de conscience, notre voisin le plus grand importateur de riz du Sénégal essaie de faire la promo du riz local alors que ce sont ses bateaux qui lui donnent des sous.
Là encore un problème de qualité ressurgit. Et les femmes sont plus enclines à acheter la variété de riz qui leur cause moins de souci, de tort.
Les exemples se comptent à la pelle. Le local doit être promu pourvu qu’on mette de la qualité dans ce que nous, les consommateurs, produisons localement.
D’autres pays viennent cultiver nos terres car nous leur avons octroyé gracieusement des hectares de terres incommensurables.
Si seulement l’exode rural pouvait être canalisé. On rendrait la terre plus attractive et les jeunes seraient plus enclins à retourner à la terre, à gagner dignement leur vie plutôt que d’aller dans les villes pour être exposés à une promiscuité indescriptible.