Et si on cultivait le bon sens… Nous comptons nos morts, à quand la fin ?
Et si on cultivait le bon sens…
Nous comptons nos morts, à quand la fin ?
Une situation qui dégénère depuis quelques temps, plus exactement, depuis la veille du fameux projet de loi par le biais duquel le pouvoir actuel cherchait à instituer le « ticket président vice-président » aux alentours du centre Daniel Brothier où se trouvaient ,en conclave, ceux qui allaient plus tard constituer un mouvement incontournable dans le pays . Le 23 Juin, jour du vote a été l’occasion pour certains de manifester aux alentours de la place soweto, pour montrer leur opposition à cette loi qui ne leur inspirait pas confiance, alors que pour d’autres, particulièrement le présent locataire du palais Wade Abdoulaye ; ce jour coïncida avec une reculade qui, jusque là est synonyme de descente aux enfers. A la fin de ce mois, déjà, la violence commençait à prendre des proportions inquiétantes jets de pierre, pneus brûlés, gaz lacrymogènes, char lance eau : des édifices publics et privés ont été saccagés en direct car retransmis par les médias locaux.
A cause d’une candidature :
Jamais dans l’histoire d’une nation, une candidature n’aura suscité autant de controverses, autant de blessés et le comble autant de morts. Depuis cette date historique car héroïque avec comme slogan phare « Touche pas à ma constitution», la plupart des discussions politiques portaient sur cet éventuel troisième mandat du président octogénaire ou plutôt sa volonté de participer pour la énième fois à une course présidentielle après celles de 1978, 1983, 1988, 1993,2000 et 2007. Cette simple volonté fait monter la tension : du fait d’une détermination dont on fait montre de part et d’autre : mouvance présidentielle, partis politiques et autres défenseurs de la constitution. Ils s’y sont donnés à qui mieux mieux. Tant qu’on attendait la décision du tristement célèbre conseil constitutionnel, les polémiques entre politiciens, par moments politiques et patriotes se déroulaient sur des plateaux de télé, à la radio, autour de la théière, etc..
Les choses sérieuses arrivèrent. Le soir du 27 Janvier, lors de la publication provisoire de la liste des candidats autorisés à participer à ces joutes électorales. En moins d’une semaine aucune donnée exacte n’est fournie sur le nombre de blessés enregistrés à l’occasion des manifestations, nous comptons nos morts : de pauvres innocents et même un policier sur cette liste macabre. Ce dernier est tué par des manifestants déchaînés. Quatre autres morts depuis dimanche 29 Janvier, date de la confirmation par le conseil constitutionnel de la liste des officiellement présidentiables, deux pauvres innocents tués à Podor dans le nord du pays, le 3O Janvier et un ou deux autres le lendemain à Dakar.
Que de sacrifices pour une candidature, pas comme les autres. Des sénégalais acteurs de la vie politique jouent à se faire peur et jouent leur va tout de toute évidence.
Une sortie s’impose :
Le moment est venu de tirer les leçons de cette décision des cinq « sages », qui n’ont pas tiré les enseignements du récent épisode ivoirien. L’heure est grave. Que de mobilisations, que d’éditions spéciales à longueur de journées voire de soirées à travers les radios, chaînes de télévision, sites en ligne et journaux nationaux et internationaux. Par ces temps qui courent les mots paix et sortiereviennent dans les discours des personnes averties. La paix, à travers l’allégorie de la colombe utilisée lors du dernier meeting des partisans de Maitre Abdoulaye Wade, est prônée par nos chefs religieux au même titre que le principal auteur de tant de tumultes. Sénégal de paix, Sénégal de nos illustres marabouts !
La sortie dont il est question présentement sera doublement appréciée : si les autorités religieuses à la tête des confréries et de l’église, de même que les chefs coutumiers traditionnels, des magistrats ou à la limite la communauté internationale etc., sortaient de leur silence assourdissant, on assisterait sûrement à la fin de cette escalade de violence inédite. Dans ce sillage, on trouverait une solution à cet épineux problème qui nous a mené dans cette impasse : affrontements tous azimuts sur toute l’étendue du pays. Ils sont, pourtant, très au fait de ce qui se passe dans le pays pour preuves évoquons l’invite de l’église au respect de la lettre et de l’esprit de la constitution, l’intervention de Serigne Habib Sy ibn Mama Abdou Aziz Sy Dabakh, celle du porte parole de la famille de Baye Niasse, ou récemment celle de la famille omarienne. La sortie de voix autorisées limiterait les dégâts. Et si on prenait le taureau par les cornes.
L’autre pan de la sortie concernerait Abdoulaye Wade. Oui la grandeur voudrait que l’on sache lire entre les lignes en situant les responsabilités. Sa mise à l’écart de manière diplomatique se fera pour le bien du pays. Maintenant sa sortie devra être préparée tout au moins pour éviter le chaos à notre cher Sénégal, terres de nos exemplaires marabouts. N’est-ce pas Maitre Wade qui donnait des leçons aux autres dirigeants africains ? Oublierait-il cet adage « charité bien organisée commence par soi-même ». Donnons-nous la liberté de le lui rappeler. En ce troisième millénaire, postuler à un troisième mandat est un fait suranné voire inadmissible. Toujours est-il qu’il ne faudrait pas oublier les méthodes peu recommandables du président sortant qui, pense, sûrement, que les manifestants sénégalais du fait de leur manque de détermination notoire lâcheraient finalement prise. Mais la tournure des événements prouve que des sénégalais sur la place de l’obélisque et un peu partout sur l’étendue du pays, sont prêts à en découdre avec le président par le canal des forces de l’ordre. Ne faudrait-il pas pour la fin de cette situation, dont les tenants et les aboutissants ne peuvent être maitrisés, agir pour l’intérêt supérieur de la nation ? La sortie de personnes zélées, qui plus est de Ministres de la République n’arrange pas les choses. Je me fais violence, pour ne pas m’arrêter sur ces conférences de presse ou interviews hasardeuses de leur part qui s’expliqueraient par une crainte d’un avenir post ministériel incertain.
Ne nourrissons pas d’ambitions surréalistes car il y en a qui, pour rien au monde, ne renoncerait à des privilèges. Suivez mon regard s’il vous plaît. Wade quitte sagement le pouvoir pendant qu’il est encore temps. Nous te souhaitons pas le sort de ton ami Gbagbo encore moins celui de ton plus que frére le regretté Khadafi .
"Un cadavre de plus, un cadavre de trop" Awadi
M. DIALLO IBNOU
Doctorant és Lettres Modernes, Option Grammaire Moderne
Professeur de Lettres Modernes ( ibndiallo@gmail.com)
Ibnou Diallo, mercredi 1 février 2012, 09:10