Les affiches :
Promptes à annoncer des événements grâce aux affiches en grands formats, les agences de communication ne sont pas tout aussi promptes à enlever ces posters remarquables un peu partout dans la capitale sénégalaise.
Deux preuves : primo, sur l’autoroute, en allant vers Les immeubles des Maristes, on peut lire sur une affiche Le Ministère de l’Aménagement du territoire et des collectivités locales souhaite la bienvenue à sa Majesté le Roi Mohamed VI, alors que la visite date depuis belle lurette.
Secondo, sur les deux voies Khalifa Ababacar Sy, non loin du rond-point surnommé Jet d’eau, l’anniversaire du chanteur Waly Seck qui s’est tenu le 27 Avril passé, était bizarrement jusqu’à peu, annoncé.
Restons, d’ailleurs, sur cet événement qui a eu le mérite de soulever un paradoxe : l’argent qui manquait au Sénégal, y coula à flot. Mais nous tenons, d’ores et déjà à préciser que la personne de Waly Seck n’est pas l’objet de notre édito, que nous préférons nous intéresser aux faits ayant eu lieu durant cette soirée retransmise en direct à la Télé.
Non pas parce que nous craignons les critiques des filles qui perdent la raison, quand on évoque cette star de la musique sénégalaise d’une part ; et d’autre part parce que nous ne jugeons pas utile de perdre du temps sur ses choix vestimentaires que d’aucuns jugent inconséquents, avec des fringues de filles.
Les faits, rien que les faits, donc. En réalité, depuis plus d’une année, bon nombre de Sénégalais promeuvent une théorie : l’argent ne circule pas : Deuk bi dafa Macky. Ce dernier l’avait même reconnu, en soulignant que c’était l’argent sale qui ne circulait pas, il s’en prenait, par ricochet, au régime de Wade.
Ces deux interlocuteurs disent la même chose. Le constructeur métallique N. A., nous fit savoir qu’il n’avait plus droit à des marchés avantageux. Le seul hic, selon lui, c’est que ce ne sont pas les clients qui manquent, seulement les moyens ne suivent pas. Ils veulent mais ils ne peuvent pas. Vous voyez Maître Wade avait du mérite même si j’avais voté pour Macky aux deux tours.
Poursuivant dans cette même lancée, cette étudiante en Licence dans un Institut de Commerce, nous disait qu’elle tirait le diable par la queue parce qu’il n’y avait pas d’argent dans ce pays.
L’anniversaire de Waly Seck est venu prouver le contraire : l’argent circule bel et bien. Interloqués, nous avons essayé de comprendre pourquoi Waly, comme l’appellent affectueusement ses fans, était arrosé de billets de banque, de toutes sortes, tenez-vous bien.
Les images choquaient, par moments. Nous sommes tentés de nous poser des questions légitimes : D’où provenaient ces billets ? Etait-ce de l’argent bien acquis ou sale ? A-t-on besoin de montrer à tout le monde que l’on donne de l’argent à quelqu’un, fût-ce à une vedette ? La soirée ne constituait-elle pas une mise en scène ?
D’autres questions tout aussi légitimes les unes que les autres pourraient aussi être posées. Une chose est sûre ces images insolentes, dignes de comportements ostentatoires, ne devraient pas passer comme lettres à la Poste. Elles sont contraires à la réalité locale. Le gaspillage ne doit pas être promu. Le CNRA doit sévir et bien sévir afin qu’on ne les diffuse plus, ne serait-ce qu’au nom de la vertu.
A défaut, nous constaterons que dara métiwul, car la star a eu droit à cette manne financière provenant des entrées payantes, au soutien et aux enveloppes, et autres cadeaux. N’est-il pas temps que Waly prenne du recul en se disant qu’il devrait être un modèle en ne participant pas à la dépravation des mœurs. Qu’il insuffle à la jeune génération le goût du travail et non le fait de se soumettre à la torture de la mode.
Dara métina kay ! On doit donner parce qu’on est sûr de passer à la télé, ou parce qu’on chante nos louanges ? Le don, n’est-ce un acte fort émanant du cœur ?