L’équipe nationale de football du Sénégal vient d’être éliminée de la 30e édition de la Coupe d’Afrique des Nations, dès les phases de poules. Cette élimination est perçue comme étant une catastrophe par la majorité des Sénégalais. Et pourtant, si nous analysons froidement la situation cette élimination pourrait nous paraître tout à fait logique au regard d’un certain nombre de faits.
ABSENCE D’INFRASTRUCTURES
Parmi les équipes qui partageaient notre groupe (Ghana, Algérie et Afrique du sud), le Sénégal est le moins bien loti en matière d’infrastructures footballistiques. En effet le seul stade répondant aux normes FIFA que nous avons date de 1985 et n’a pas bénéficié depuis lors de travaux de modernisation digne de ce nom. Ce stade est donc plus âgé que plus de la moitié de la population sénégalaise (selon le dernier recensement les moins de 20 ans représentent 52,7% de la population). En outre lorsque le Maroc a refusé d’organiser la compétition, nos adversaires ont tous été cités comme potentiels organisateurs de la Can. Le Sénégal n’a jamais été cité. Donc sur ce plan nous sommes 4e/4 pour ne pas dire bon dernier.
UN COACH MOYEN…
C’est une tautologie que de dire que notre coach est moyen parce que les très bons coaches ne quittent pas l’Europe pour venir entrainer en Afrique à moins d’être trop bien payés. Mais même parmi ces « sorciers blancs » il y a une hiérarchie.
Avram Grant (Ghana) a conduit Chelsea jusqu’en finale de la ligue européenne des champions. Donc son expérience et son savoir-faire sont réels.
Christian Gourcuff (Algérie) a dirigé le FC Lorient pendant onze ans (2003 à 2014) ce qui constitue une éternité dans le milieu du football. En plus, il n’a pas été limogé car c’est lui qui a décidé de partir parce qu’il était en désaccord avec la direction du club suite au transfert de Mario Lémina vers Marseille dans les dernières minutes du mercato. C’est dire qu’il a des compétences certaines (Entraîneur de l'année de division 2 en 1985, 1997 et 2005).
Ephraim Mashaba (Afrique du sud), un coach local sur qui nous n’avons pas beaucoup d’informations.
Alain Giresse (ex Sénégal) a coaché le Toulouse FC et le PSG avec qui il a gagné le trophée des champions en 1998. Sa carrière comme entraineur de club n’a duré que huit ans (1995 à 2003). Par la suite il prit les rênes des sélections du Gabon et du Mali avec des résultats relativement satisfaisants. Ainsi à ce niveau nous pensons que le Ghana et l’Algérie ont une longueur d’avance sur nous.
AVEC DES JOUEURS EN DEVENIR
Nos joueurs ne sont pas extraordinaires même si cela fait mal c’est la triste réalité. Jouent-ils dans des clubs candidats au titre de champion de leur pays ? Jouent-ils la ligue des champions ? Ont-ils l’expérience des grandes compétitions ? Ils ont certes un fort potentiel qu’il faudra développer pour passer du statut de bons joueurs à celui de joueurs extraordinaires. Cela demande du temps et beaucoup de travail. Ce qui manque à nos joueurs le Ghana et l’Algérie l’ont, ils ont des groupes expérimentés car ayant vécu de grandes compétitions ensemble (2 Coupes du monde et 3 Can pour le Ghana depuis 2010, une coupe du monde 2014 réussie pour l’Algérie).
De plus, si l’on suit le classement des trois dernières Can nous sommes 4e de notre poule ce qui nous a valu d’être dans le quatrième chapeau. Là encore nos adversaires n’ont rien à nous envier.
DES HOMMES DE MEDIA IGNORANTS OU DE MAUVAISE FOI
Après le match des débats ont été organisés au niveau des média et les participants que nous avons eu la chance d’écouter ont tous affirmé que si nous avions battu l’Afrique du Sud nous aurions été qualifiés. Ceci n’est pas du tout exact, même si nous avions gagné notre 2e match nous ne serions pas pour autant qualifiés. Effectivement on aurait eu 6 points comme le Ghana et l’Algérie et dans ce cas c’est le goal average particulier qui doit nous départager. On devrait alors ôter à toutes les équipes les points pris face à l’Afrique du Sud et on aurait alors le classement suivant : 1er Algérie 3pts +1 ; 2e Ghana 3pts +0 et 3e Sénégal 3pts -1.
Finalement le seul élément en notre faveur est le classement FIFA de janvier 2015 qui nous place 4e devant le Ghana (5e) mais derrière l’Algérie (1ere). Nous étions tous d’accord pour dire que le Sénégal était dans le groupe de la mort, quoi donc de plus normal que de n’avoir pas survécu. L’union des cœurs aurait pu nous sauver mais nous sommes au Sénégal.
Pour terminer rappelons que Giresse a réussi au Gabon et au Mali, pourquoi a-t-il échoué au Sénégal ? A ma connaissance seul Claude Leroy a fait deux Can successives avec le Sénégal, donc à chaque fois c’est le coach seul qui paie et notre palmarès est toujours vierge. Cela ne démontre-t-il pas que nous nous y prenons mal en ne posant pas les vraies questions ? Où sont tous ceux (supporters, politiciens, fédération, marabouts …) qui sont prompts à revendiquer leur part dans la réussite de l’équipe nationale ? Qu’ils viennent maintenant prendre leur part de responsabilité.
Thierno M. DIALLO
Supporter qui a toujours foi en l’avenir de notre football. Travaillons bien, patiemment et en silence si nous voulons réussir.