M. Mbaye Abdoul s’entête, M. Macky le maintient à la tête du gouvernement.
Dés l’entame de notre tribune nous tenons à préciser qu’il n’a nullement été question, pour nous de personnaliser le débat. Ceci étant, nous réaffirmons que seule une position de principe nous aura motivé.
Pourtant, à la veille de la cinquante deuxième fête de l’indépendance de notre nation, et eu égard au choix porté par notre quatrième Président de la République sur le banquier, nous intitulions notre tribune : « Dream team Macky Sall / Abdoul Mbaye» : le culte de l’exemplarité. Youssou Ndour FMCB, l’incontournable ». En l’espace de quelques mois notre position aura changé pour plusieurs raisons que nous ne manquerons pas de préciser les unes après les autres.
M. Abdoul Mbaye Futur ex Premier Ministre
M. Mbaye fut un bon banquier, on ne le dira jamais assez. Mais les temps ont évolué. Dans le monde moderne on tend à faire de sorte que les banquiers rendent compte de leurs agissements.
Lors de cette assemblée plénière à la place Soweto, les échanges furent ternes, et naturellement nous avons eu droit à une piètre prestation de la plupart des acteurs. En effet nombreux sont ceux qui rient sous cape, après cette motion de censure. Celle-ci, cinquième du genre dans l’histoire du Sénégal n’a pas porté ses fruits. Tel un scénario écrit, connu à l’avance ; chaque acteur aura, pleinement, passionnément, impétueusement et indignement, joué son rôle. C’est comme si les députés de la mouvance présidentielle regroupés au sein de la coalition Benno Bokk Yakaar avaient délivré un chèque en blanc au PM ;en prenant le soin de lui murmurer à l’oreille : « PM dites ce que vous voulez cette motion de … ne passera pas. De toute façon, nous attendons ces parlementaires libéraux au tournant».
Initialement prévue à 16 heures, la séance a tardé à démarrer. Le Président de l’assemblée nationale en l’occurrence M. Moustapha Niasse septuagénaire, aura pris le soin de camper le décor en rappelant le règlement intérieur, l’ordre du jour, le chronogramme, le timing et la liste des différents intervenants qui devaient se relayer au présidium.
Très politique, l’après-midi du mercredi 26 Décembre le fut. Le public venu assister à la plénière s’est fait remarqué avec des huées et autres applaudissements nourris. Venons-en au débat portant sur la motion de censure contre le gouvernement, plus précisément contre l’actuel PM que le groupe libéral minoritaire avait déposée.
Une majorité mécanique, peu encline à la contradiction s’est illustrée, avec des députés mus par l’unique souci : faire plaisir au chef de ladite coalition M. Macky Sall. Par delà la polémique politicienne le débat fut de bas étage, de très bas étage même. Nous ne cesserons jamais de le dire.
Que de termes laudatifs adressés à l’endroit du Premier Ministre qui, à son tour, aura assuré son show après moult grimaces. Ce fut des règlements de compte inintéressants ponctués d’invectives, d’injures, et autres pratiques indignes d’un « Nouveau Type de Député », trouvaille purement sénégalaise voulant la rupture au sein de l’hémicycle. Il n’en est rien, hélas !
Revenons-en à M. Mbaye Abdoul, tout le monde sait qu’il est rattrapé par son passé. Malgré tout il s’entête et M. Macky le maintient à la tête du gouvernement.
Revoyons le film des événements
Premier épisode : l’article de presse de la revue La lettre du continent incriminant l’actuel PM
Deuxième épisode : la sortie désastreuse du PM entouré des différents Ministres du gouvernement pour se disculper. Cette conférence de presse fut teintée d’aveux de taille de la part de son animateur.
Troisième épisode : La motion de censure déposée contre sa personne, avec la suite qu’on lui connaît.
Ce qui est sûr c’est que le bon sens doublé de la maturité démocratique que nous nous autoproclamions voudraient que notre assemblée nationale se penchât sur le bien fondé des accusations à l’encontre de M. Mbaye quand bien même elles seraient portées par les députés du Parti Démocratique Sénégalais.
Durant son show, nous attendions du PM qu’il réfutât point par point les différents reproches qui lui furent faits non pas qu’il tentât de noyer le poisson dans l’eau. Pourquoi ne lâche-t-il pas l’affaire ? Et puis, si le choix porté sur sa personne était consensuel du fait de sa posture technocrate, son engagement politique au sein de l’Alliance Pour la République fait de lui une cible privilégiée. Au nom de la morale, l’intégrité et de la bonne gouvernance ne devrait-il pas quitter la primature ? S’il tombe l’effet domino ne ferait-il pas que d’autres, notamment des responsables socialistes d’à l’époque soient, au même titre, éclaboussés ? N’oublions pas les marabouts et chefs coutumiers.
Durant son allocution M. Mbaye s’est hasardé à vouloir décortiquer le texte portant sur la motion. Cette tâche fut ardue car s’il a carrément fustigé le fait que le mode conditionnel soit utilisé d’une part, de l’autre il n’a pas su établir avec exactitude le mode indicatif : soutenant de manière erronée qu’il s’agissait du mode affirmatif.
Fait cocasse : la séparation des pouvoirs est une utopie chez nous car la volonté du Président de la République est dictée aux députés (M .Mbaye Ndiaye, alors Ministre de l’intérieur, ne nous démentira pas) qui, à leur tour invitent leur camarade de parti et non moins Ministre de la Justice à hâter le pas pour s’occuper des délinquants économiques. Drôle de conception de ce qu’est la démocratie.
Autre fait cocasse : les titres de quelques quotidiens parus le lendemain de la motion rejetée :
Sud quotidien : Le PM sort ses griffes ?
Le Populaire : Abdoul Mbaye tue et jette en pâture les libéraux.
Rewmi quotidien : Le PM se défonce sur les libéraux et déballe.
M. DIALLO IBNOU
Doctorant ès Lettres Modernes, Option Grammaire Moderne
Professeur de Lettres Modernes ( ibndiallo@gmail.com)
Blog : ibnoze.seneweb.com
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