La pénurie d’eau a été un calvaire indescriptible pour moi, nous confia cette dame quarantenaire. Elle nous dira n’être confrontée au problème que 3 jours après le début car disposant d’un réservoir d’eau chez elle.
- Au bout de ces trois jours, j’étais comme tous les autres Dakarois : obligée de me débrouiller pour m’en sortir. Comme par hasard, la pluie du dimanche matin nous aura été d’un grand secours, de même que celle enregistrée hier. Vous savez avec ces pluies, nous avons pu nous occuper de l’entretien de notre maison.
Elle ajoutait c’était difficile certes, mais chez moi chacun prenait son bain, je ne supporte pas qu’on reste sans se laver. Et, c’est à ce moment que survient un problème et non des moindres : il fallait économiser l’eau plus que précieuse cette dernière semaine à Dakar. J’étais donc obligée d’assister mes enfants lorsqu’ils prenaient leur douche. Se sentant grands, ils traînaient les pieds en cachant parfois leurs parties intimes ou en me tournant le dos, par pudeur peut-être.
Cette autre dame croisée à la sortie du Camp Abdou Diassé regrettera le départ de Wade et déplora la mauvaise gestion de la situation par les autorités actuelles. Elles se soucient peu de nos souffrances. Elle portait deux bouteilles, initialement des bouteilles d’eau minérale KIRENE, de 10 litres chacune aussi bien à la main droite qu’à la gauche.
Ces jeunes rencontrés à la Zone A se plaisaient dans cet exercice qu’ils avaient fini par trouver intéressant. Ils sortaient fraîchement d’une maison qui n’était pas exposée comme bien d’autres aux désagréments causés par la Sénégalaise Des Eaux. Ils s’étaient donc transformés en conducteur de « pousse-pousse » ces charrettes à bras tirées ou poussées par un homme et qui sert de transport de seaux et bouteilles d’eau et non de marchandises, comme d’habitude. Ils jouaient aux stars et sollicitaient même une photo.
Le manque d’eau nous aura tous, à Dakar, fait faire ce que nous n’aurions jamais pensé faire : nous réveiller à 3h ou 4h du matin pour remplir nos bouteilles, seaux, bassines et autres fûts.
La pression étant lente, il nous fallait attendre une dizaine de minutes pour passer d’un récipient plein à un autre. C’est le calme plat à pareille heure. Le seul bruit provenant de l’eau du robinet. C’était ainsi le prix à payer : entrecouper le sommeil pour ne pas faire des pieds et des mains durant la journée pour trouver le liquide précieux, oh combien vital !
Rare, si rare depuis plus de 5 jours, l’eau revient progressivement dans la capitale sénégalaise. L’assurance aura été donnée par le chargé de la communication de la société incriminée qui ne s’était pas laissé malmener par Ndiaya Diop, à l’occasion d’une interview sur Sud FM. Ce dernier avait soif de scoop et voulait lui arracher des vers du nez, en essayant de le pousser à affirmer, lui, la voix autorisée, que l’eau était disponible dans les robinets partout à Dakar et qu’il suffisait d’ouvrir le robinet pour assouvir toute soif, eu égard au fait qu’ils avaient réparé la panne de Keur Momar Sarr, depuis quelques jours.
Le chargé de com précisa que les choses se rétabliraient progressivement. Ce qui est d’ailleurs le cas.
A toute chose malheur est bon, dit l’adage. Cette pénurie d’eau a remis sur la table d’assez pertinentes questions :
L’eau du robinet est-elle potable ?
La capitale sénégalaise doit-elle avoir une seule source d’approvisionnement en eau ?
Les autorités étatiques doivent-elles sanctionnées la SDE ou revoir les clauses du contrat les liant ?
Diallo Ibnou