Karim Wade : un accusé spécial face au procureur spécial prés de la spéciale CREI. Est-ce un scénario écrit ?
A peine avions-nous franchi le seuil de son lieu de travail que le gérant du cybercafé nous interpella en ces termes : « Karim Wade occupera la chambre … à Rebeuss. Mon cher que penses-tu de cette information ? ». Il comprit via notre réponse que nous ne faisions pas partie de ceux qui actuellement passionnent le débat, se déchaînent, s’acharnent, condamnent, se contentent de ce seul dossier, bref que nous préférions à contrario garder notre lucidité et analyser. Nous ne craignons pas de prendre le contre-pied de la plupart des quotidiens sénégalais.
Loin de nous, toute idée qui consisterait à nous faire avocat du régime déchu de Wade. Seulement, nous voulons, à travers cette tribune, montrer toute notre indignation, eu égard aux tournures que prend ce dossier.
La passion semble dicter la conduite à tenir de part et d‘autre. Aussi bien du côté du pouvoir que de l’opposition. La bataille de la communication engagée depuis un an, prend des tournures inquiétantes. De déballage en déballage, on va en arriver à mettre à nu des secrets d’Etat.
En exhumant la fameuse Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite, M. Macky a pris le risque de faire appliquer des lois qui sont en net déphasage avec notre époque, dans le cadre du respect des droits humains. Le pouvoir du procureur spécial est énorme, exorbitant dira Maitre Assane Dioma NDiaye. Normal, étant donné qu’il s’agit d’une juridiction d’exception.
Pour donner des gages aux bailleurs, M. Macky ne cesse de répéter que la CREI s’intéresse au régime déchu au moment où l’Office National de lutte contre la Corruption (OFNAC) est réservé à l’actuel régime. Très intéressant, serions-nous tentés de dire si tant est qu’on respectât les droits de la défense. La présomption d’innocence nous intéresse au plus haut point. Nous ne saurions cautionner que notre Etat porte le combat d’ONG tapis dans l’ombre. Le scénario semble être écrit. Dans la mesure où ce qui n’a pas été possible ailleurs est en phase de l’être au Sénégal. Combien de fils de Présidents en exercice ou d’anciens Présidents ont fait l’objet de ce type d’enquêtes médiatisées?
Nous ne cherchons pas à disculper M. Karim Wade. Il est un justiciable comme tous les autres Sénégalais, mais nous trouvons qu’il a sa dignité à préserver. Sur les réseaux sociaux, le débat est houleux, la calomnie et la caricature excessives. Alors que nous gagnerions à dépassionner le débat en laissant la justice trancher le débat. Nous ne saurions être juge et partie. Ce à quoi nous invite M. Hamadou Tidiane Sy, l’administrateur d’ouestaf.com. Que la vérité, rien que la vérité finisse par triompher : tel est notre souhait. Nous réaffirmons au passage toute notre confiance à la justice. Et voudrions juste qu’elle soit une justice juste. Non pas une justice aux allures politiques, revanchardes.
Arbitraire ou légitime ?
Nous ne reviendrons pas sur l’entêtement du régime actuel depuis la levée, dans l’empressement, de l’immunité parlementaire des députés libéraux, l’interdiction de sortie de dignitaires du PDS. Le non respect de la décision de la CEDEAO. Fait que nous déplorons quand même. Nous ne prendrons pas part à ce débat portant sur la compétence ou l’incompétence de la CREI.
Karim Wade, un accusé assez spécial : La casquette qui a fait que nous l’ayons connu c’est qu’il est le fils de Abdoulaye Wade. D’ailleurs, qui ne se souvient pas de cette brochure d’antan, distribuée comme de petits pains, alors que Wade Abdoulaye était opposant.
Sur ce support, nous présentait-on diverses facettes du pape du Sopi : jeune, étudiant, professeur, mari, père de famille, homme politique, talibé mouride, Ministre, etc. Ainsi donc, la première véritable publicité réservée à M. Karim Wade remonte à cette époque.
Plus tard, son père fit de lui son conseiller d’abord, Administrateur du Sommet de l’ANOCI ensuite, et Ministre d’Etat enfin, jusqu’à la chute du régime de son père. Ces deux dernières casquettes ont été sujettes à polémiques.
D’une part, M. Macky alors président de l’Assemblée nationale s’était permis de le convoquer devant ladite institution pour qu’il s’explique sur sa gestion du sommet. Ce qui fut le point de départ de la descente aux enfers de M. Macky.
D’autre part, son statut de Ministre assez spécial fit qu’il soit au centre de tout. Il aiguisait tous les appétits. Il était la cible privilégiée tant il était jalousé du fait des privilèges auxquels il avait droit, cristalisant ainsi toutes sortes de critiques. Il se permit beaucoup de libertés, comme tout le personnel politique ayant en charge les deniers publics ; et beaucoup plus d’après certains. Cette somme colossale qu’on lui prête en est une preuve.
Le procureur spécial prés de la CREI :
A dossier spécial, sorties spéciales. Il n’est pas habitué à communiquer avec la presse, sauf si le besoin se fait sentir. Ce qu’il pour la deuxième fois, lors d’un point de presse, pour diaboliser M. Karim Wade. Il en profitera pour répondre à certaines accusations tout en glissant par moments sur le terrain politique. Ce qui ne lui revenait pas de droit. Se conformant à ses prérogatives, il n’a pas manqué de charger l’accusé en démontant sa supposée ingénierie financière frauduleuse. Ce que son substitut approfondira. Seul fait à signaler la somme avancée est astronomique. Ne sommes-nous pas dans un pays pauvre très endetté ? Vivement la sérénité, vivement la vérité.
Dara métiwul au Sénégal !