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La cloche fêlée

De Charles Baudelaire

II est amer et doux, pendant les nuits d'hiver,
D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume,
Les souvenirs lointains lentement s'élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.

Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
Jette fidèlement son cri religieux,
Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente !

Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits,
II arrive souvent que sa voix affaiblie

Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie
Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts
Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts.

    Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Spleen et idéal,  LVIII, 1857.

Quelques axes de lecture

  • De la cloche fêlée à l’âme fêlée
  • Une rêverie hivernale
  • Le spleen baudelairien : l’image du poète
  • Les jeux d’opposition
  • Un tableau lugubre
  • Expliquez la chute du sonnet
  • Repérage et interprétation de figures de style : oxymore, personnification, métonymie, métaphore, comparaison, hyperbole, dérivation, etc.
  • Versification :
  • Étudiez la disposition, la qualité et la nature des rimes
  • Quel est le mètre utilisé ?

01/02/2017

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