Tandem Macky/ Sarko : le Sénégal toujours sous assistance étrangère
Nécessaire dé mondialisation :
« Dans ce monde l’isolement mène au désastre » affirmait Nicolas Grunitzski (ancien président du Togo de 1963 à 1967) dans l’une de ces interviews rapportées par la radio mondiale (RFI). Maitre Abdoulaye Wade l’aura appris à ses dépens, lui qui s’était terré dans son monde ne sachant analyser les signaux forts qui lui venaient de toutes parts n’écoutant que ses laudateurs (du Parti Démocratique Sénégalais et des partis alliés au sein du FAL ou plutôt du FOLI 2012: Front pour l’Oubli Libéral dans un monde mis à l’envers par le néolibéralisme).
Dans le monde moderne la mondialisation, tant vulgarisée se résout à des rapports de forces dans la mesure où les plus forts ou riches (État, société, système, individu…) engloutissent les plus petits ou pauvres. Sur le plan international le diktat des grandes puissances est subi par les pays en voie de développement. Un bilan peu reluisant de la globalisation pousse des citoyens de notre planète soucieux du devenir de celle-ci, à parler d’alter mondialiste ou de dé mondialisation
Ceci explique cela :
Il a très souvent été dit, écrit et même chanté par le rappeur Didier Awadi l’indépendance ça s’arrache, ça ne se donne pas. Le constat est triste notre accession à la souveraineté nationale n’a jamais été le fruit d’une lutte en vue de bouter hors de notre Afrique « les conquérants » pour reprendre une expression chère au poète David Diop
Ne le cachons pas nous souffrons du néocolonialisme. Les anciens colons se sont mués en amis (repris en écho par Sarkozy et Macky) ou coopérants alors qu’en géopolitique il n’y a pas d’amis seuls les intérêts indiquent la posture à adopter. En effet, des intérêts économiques sous-tendent la plupart des interventions en Iraq, en Côte d’ivoire, en Lybie…
Dans son roman Riwan ou Le chemin de sable, publié en 1999, Ken Bugul écrivaine sénégalaise, peu connue du grand public local disait Y en a marre que ce soit toujours à sens unique. Ne laissons plus les autres nous analyser et décider pour nous […], elle renchérissait en soulignant il est temps de réagir. Cessons de jouer.
De toute évidence la politique paternaliste des anciennes puissances suit son cours. L’année 2011 aura été riche en enseignements. Ceux-ci ont trait à deux pays africains dont la stabilité fut obtenue avec le concours de la très médiatisée communauté internationale. Si Laurent Gbagbo voulait confisquer le pouvoir à la suite de la victoire d’Alassane Ouattara, Mouammar Kadhafi quant à lui s’en prenait à ses compatriotes. Les interventions respectives de la France avec la force Licorne en Côte d’Ivoire et de l’OTAN en Lybie furent décisives. Elles firent une partie considérable du travail mais prirent le soin de se retirer à temps, ou de se mettre au second plan, afin que les populations autochtones fissent, pour parler trivialement le « sale job » (capture ou meurtre).
Une aide de plus, le Sénégal sous assistance étrangère :
Au Sénégal, cette même communauté internationale, sous l’égide de la France et des États-Unis avait clamé, haut et fort, sa volonté d’assister à une alternance générationnelle à la tête du pays. Ce qui se produisit. Est-ce à dire : ce que les occidentaux veulent, les africains le concrétisent.
L’amitié qui lie MM. Macky Sall et Nicolas Sarkozy, Président sortant de la France ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte, à peu prés, aux temps où tous les deux étaient Ministres de l’intérieur dixit son excellence Macky Sall. Il faut juste rappeler qu’en Mars 2008, en pleine brouille avec son ex-mentor Abdoulaye Wade, recevait la médaille de la légion d’honneur française des mains de Jean-Christophe Ruffin soit un an après l’élection de son excellence M. Nicolas Sarkozy survenu en 2007.
Après un bref séjour en France, son excellence Macky SALL, parlait de bouffée d’oxygène en faisant allusion aux fruits de son voyage. Un soulagement à quel(s) prix ? Pourquoi avons-nous droit, de sitôt, à des milliards sous forme d’aide ? Pourquoi la France surendettée se permet d’allouer un prêt au Sénégal ? Autant de questions qui sont posés par des analystes rigoureux. Ce qu’on feint de dire aux citoyens c’est que cette manne financière viendra s’ajouter à notre déjà lourde dette nationale. C’est un secret de polichinelle : nous vivons sous assistance étrangère. Vérité qu’on ne cesse de seriner depuis des décennies. Le coup de gueule de Thomas Sankara qui soulignait qu’il ne paierait pas la dette résonne toujours dans nos salons.
Mettons la transparence au profit de la rupture en vogue au Sénégal. Nous gagnerions à savoir le niveau de la dette et le taux fixé pour ces nombreux prêts signés sous les projecteurs des caméras.
La mainmise française sur notre économie est marquée par ses multinationales qui contrôlent beaucoup de secteurs névralgiques : de la finance avec les filiales de la BNP PARIBAS et de la Société Générale, des Travaux publics avec EIFFAGE, des télécommunications avec Orange, des équipements avec la CFAO…
L’heure est venue de jouer cartes sur table, au moment où les dégâts collatéraux de la crise financière poussent les occidentaux à prôner une certaine forme d’austérité afin d’inciter leurs populations à se serrer la ceinture, les règles de la bonne gouvernance voudraient que nos décideurs nous demandent de faire un effort car il n’y a pas assez d’argent. Pour cela, il faudrait promouvoir les ressources locales et vivre avec les moyens du bord. Car nous aimerions comme Thomas Sankara oser inventer l’avenir en posant des actes forts puisque l’expression servir l’état et non se servir devrait mieux être promue sous nos cieux pour barrer la route aux nombreux lobbys tapis dans l’ombre aussi bien à l’intérieur du Sénégal qu’à l’étranger.
M. DIALLO IBNOU
Doctorant ès Lettres Modernes, Option Grammaire Moderne
Professeur de Lettres Modernes (ibndiallo@gmail.com)
Blog : ibnoze.seneweb.com
par Ibnou Diallo, jeudi 26 avril 2012, 07:06 ·