Texte quatre-vingt-seizième
"Enivrez-vous" de Charles Baudelaire
« Il faut être toujours ivre, Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, et la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise ».
Baudelaire. Le spleen de Paris, XXXIII.
Quelques axes de lecture
- Un poème écrit en prose
- L'univers baudelairien
- Le poids du temps/ la fuite du temps
- L' incitation à la liberté
- La valeur explicative des deux points dans : " Tout est là : c'est l'unique question."
- Repérage de figures de style : métaphore, anaphore, métonymie, personnification, etc.
- Les marques de la nécessité
Bon dimanche à tous !
20/03/2016