Un dimanche, un texte
Texte choisi : « Destin secret » de Jean-Baptiste Tati Loutard
I. Présentation de l’auteur : Jean-Baptiste Tati Loutard (1938-2009), écrivain et homme politique congolais Brazzaville), a publié plusieurs recueils de poésie.
Il a enseigné « la littérature et la poésie au Centre d´études supérieures de Brazzaville. Devenu leader du mouvement culturel congolais, Tati-Loutard occupe divers postes de gestion supérieure […] À partir de 1975, il conjugue la vie littéraire et la vie politique et devient tour à tour ministre de l’Enseignement supérieur, de la Culture, des arts et du Tourisme. Après être retourné à l’enseignement pendant quelques années, il devient ministre des Hydrocarbures en 1997. »
Source principale : Présence africaine
II. Texte : Destin secret
Le soleil exposé sous la galerie
du ciel
Un pays de fleuves et de forêts
Femme à la vertu farouche
Dépeignée par des vents saumâtres
Qui nous purifient du mal de vivre
Je m'ouvre à ses grandes eaux
Qui s'arrêtent de couler dans le songe
Je deviens leur terre d'argile
Qu'elles inondent au repos
Et couvrent de jacinthes
Comme ces colliers d'astres
Jetés au cou de la nuit
C'est un pays de terre ferme
Hérissée d'un peuple crépu
et volcanique
Hurlant pour sa liberté
Comme une mer qui accouche d'un mascaret
Congo pétri d'un limon qui se dérobe
Sous les pieds de tyrans pachydermes
Tu simules parfois un cratère éteint
Et tu dialogues avec ton destin
Encore mêlé à la nuit qui marche
D'un pas invisible en écrasant
Les pierres de la voie lactée
Jean-Baptiste Tati Loutard, La Tradition du Songe, Présence africaine, 1985.
III. Quelques axes de lecture
- Hymne à la terre natale : l’évocation des éléments de la nature, du Congo
- La poésie engagée
- L’effacement de la ponctuation
- Les marques de la première personne du singulier
- Repérage et interprétation des figures de style : métaphore, comparaison, personnification, métonymie, etc.
- La formation des mots : préfixe, radical, suffixe
- Relevez des propositions subordonnées relatives
IV. Insistons sur :
- La formation des mots dérivés
Les affixes (préfixe et suffixe) jouent un grand rôle dans la formation des mots par dérivation. "Un mot dérivé est un radical auquel on ajoute un suffixe ou un préfixe ou les deux à la fois."
a- La préfixation
Avec la préfixation, on place devant un mot un préfixe pour fabriquer un nouveau mot.
Exemple : « invisible »
b- La suffixation
Avec la suffixation, on ajoute à la fin d'un mot un suffixe pour obtenir un nouveau mot.
Exemple : « volcanique »
- La proposition subordonnée relative apporte une précision à un nom (ou un pronom) qui est son antécédent. La subordonnée relative débute par un pronom relatif.
Exemple : « Je m'ouvre à ses grandes eaux qui s'arrêtent de couler dans le songe »
La relative « qui s'arrêtent de couler dans le songe » apporte une précision au nom « eaux » (antécédent), « qui » est le pronom relatif
- Le gérondif est une locution formée par la préposition "en" et le participe présent.
Exemple : « en écrasant »
- La métaphore est une comparaison sans outil comparatif explicite. Le comparé et le comparant sont assimilés.
La métaphore est dite filée quand elle s'étale sur plusieurs mots, vers ou phrases.
Exemple : « Je deviens leur terre d'argile »
- Le mode indicatif : le présent de l’indicatif
L'indicatif est le mode de la réalité, des faits certains. C'est le mode le plus courant. Il comprend quatre temps simples (présent, imparfait, passé simple et futur simple) et quatre temps composés (passé composé, plus-que-parfait, passé antérieur, futur antérieur)
- Le présent de l'indicatif est employé pour exprimer une action en cours, une action qui se répéteur une habitude. Il permet aussi d'exprimer une situation durable, un passé très proche, un futur très proche ou une vérité générale.
Exemple : « Tu simules parfois un cratère éteint » / « Et tu dialogues avec ton destin »
05/01/2024
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