Le métier d’enseignant est aujourd’hui un des plus « exposés » de notre société. De l’instituteur du village au professeur d’université, les quelques sept cent soixante mille adultes qui ont en charge la jeunesse sont soumis à des mises en cause permanentes et contradictoires. Pour les uns, ils sont responsables d’une bonne partie des maux de la société : les dérives de la jeunesse, les contestations morales et politiques. Pour les autres, au contraire, ils sont les agents involontaires ou zélés de l’adaptation à un système social fondé sur l’injustice.
Le beau métier d’enseignant, attaqué de l’extérieur, n’apparait plus pour beaucoup de jeunes que comme le débouché qui reste quand on a tout tenté … et tout raté.
Le prestige des maitres s’est effrité aux yeux des classes populaires. Dans les milieux les plus aisés il est courant d’entendre dire que c’est un métier de femme : les hommes, eux, doivent faire carrière ailleurs. L’évolution de l’image sociale des professeurs dans le sens de la dégradation n’est pas sans rappeler celle dont a été victime celle du métier des armes.
Il n’est pas pourtant de fonction plus exaltante, dans son principe que celle de l’enseignement. Le contact permanent avec la jeunesse et avec le savoir quelle est la meilleure manière de gagner sa vie sans perdre son temps et son âme ? Les maitres forment des générations qui, demain, feront vivre la société toute entière. Voilà pour le principe, la réalité est, hélas souvent différente. Beaucoup de maitres sont mal dans leur peau. On peut trouver plusieurs explications à ce phénomène qui a été baptisé depuis dix ans du terme de malaise. Notre société entretient avec ces intellectuels des rapports difficiles : La production prime sur tout et les valeurs dégagées par le travail du pédagogue ne sont pas mesurables … mal payés, compte tenu de leur niveau de qualification, traversées d’inquiétude, peu soutenus par une population jalouse de leurs privilèges (les fameuses vacances), les enseignants subissent de plein fouet les lames de fond dont la jeunesse est porteuse. Ils le font au nom de tous les autres sans qu’on leur en sache gré.
Le Monde, Mai 1978.
- Texte à résumer au quart de sa longueur avec une marge de plus ou moins 10%
Discussion : Les enseignants sont responsables d’une bonne partie des maux de la société
Bon dimanche à tous !
06/09/2015