Texte choisi : «Paysage polaire » de Charles Leconte dit Leconte de Lisle
I-Présentation de l'auteur : Charles Leconte dit Leconte de Lisle, (1818-1894) se « passionne pour la politique, notamment pour les idées démocratiques et fouriéristes et pour les phalanstériens. Mais il y renonce assez vite, déçu par l’échec de la Révolution de 1848 et par l’avènement du Second Empire.
Il se consacre dès lors à la poésie et devient le chef de file de l’Ecole parnassienne.
En 1871, il est nommé bibliothécaire du Palais du Luxembourg, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort. »
II- Texte : Paysage polaire
Un monde mort, immense écume de la mer,
Gouffre d’ombre stérile et de lueurs spectrales,
Jets de pics convulsifs étirés en spirales
Qui vont éperdument dans le brouillard amer.
Un ciel rugueux roulant par blocs, un âpre enfer
Où passent à plein vol les clameurs sépulcrales,
Les rires, les sanglots, les cris aigus, les râles
Qu’un vent sinistre arrache à son clairon de fer.
Sur les hauts caps branlants, rongés des flots voraces,
Se roidissent les Dieux brumeux des vieilles races,
Congelés dans leur rêve et leur lividité ;
Et les grands ours, blanchis par les neiges antiques,
Çà et là, balançant leurs cous épileptiques,
Ivres et monstrueux, bavent de volupté.
Charles Leconte de Lisle, Poèmes barbares, 1862.
III- Quelques axes de lecture
- La métamorphose de la réalité
- Les champs lexicaux du paysage, de la mort
- Repérage et Interprétation de figure de style : personnification, hypallage, antithèse, énumération, etc.
Versification :
- Un sonnet régulier
- Etudiez la rime : disposition, qualité et genre
IV- Insistons sur :
Le Parnasse : « Le Parnasse est un groupement de poètes qui se constitue vers le milieu du XIXème siècle autour de Leconte de Lisle.
En réaction au romantisme, cette école se veut sereine, éloignée des engagements politiques et des effusions individuelles. La poésie doit se nourrir des sciences de la nature, de l’histoire – surtout de l’histoire ancienne – et de la philosophie et respecter de strictes règles de forme. Quant au poète, il doit trouver sa récompense dans la contemplation du beau. Leconte de Lisle le professe : " la moralité d’une œuvre d’art, c’est sa beauté ".
Parmi les poètes qui se réunissaient le samedi soir chez Leconte de Lisle, Villiers de l’Isle-Adam, Sully Prudhomme (premier prix Nobel de littérature en 1901), François Coppée et José Maria de Heredia apparaissent comme les plus représentatifs du Parnasse. »
21/02/2021