« Quand vous serez bien vieille, … »
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1587
Quelques axes de lecture
- Une déclaration d’amour atypique
- Un dialogue solennel
- Une conception épicurienne de la vie à travers la chute du poème
- Tonalité didactique du sonnet
- Les valeurs des temps et modes verbaux ( futur simple, imparfait de l’indicatif, impératif, subjonctif
- Les marques du lyrisme
- Repérage de figures de style : périphrase, personnification, euphémisme, etc.
- Disposition, nature et qualité des rimes
Bon dimanche à tous !