I- Présentation de l’auteur : Jean Bruno Wladimir François de Paule Lefèvre d'Ormesson est né en 1925 à Paris. Jean d’Ormesson est un ancien élève de l’École normale supérieure. Agrégé de philosophie, il reçut le Grand prix du roman de l’Académie française pour La Gloire de l‘Empire, 1971 et fut Directeur général du Figaro (1974-1977). Il fut membre de l’Académie française de 1973 à 2017 (année de sa mort).
Sources : Wikipedia, académie française.
Texte : Pour la survie de la lecture
Nous sommes les enfants des livres. Nous les aimons. Ils nous ont faits, nous en faisons. Chaque année, depuis déjà un bon bout de temps, on nous annonce la mort du roman. Voilà qu’on fait mieux : c’est tous les livres qui vont disparaitre. Et le comble, c’est que c’est vrai.
Les livres ne sont pas très vieux. Sous la forme manuscrite, quelque deux mille ou trois mille ans. Sous la forme imprimée, cinq cents ans presque tout ronds. Il est très douteux qu’ils durent encore trois mille ans. Il n’est pas impossible que, sous la pression de tous les supports nouveaux qui se bousculent à la porte, ils n’existent plus dans cinq cents ans. Nous sommes les derniers, ou les avant-derniers des Mohicans.
C’est triste. Mais pas trop. Les livres auront joué un rôle inouï dans l’histoire des hommes de la Bible au Discours de la méthode, du Coran au Capital et à tous les romans, épique, comiques, policiers ou anglais, qui nous ont tant enchantés, ils auront changé la vie. Pour ma part, je leur reste fidèle et je me battrai pour leur survie. Et pour celle de la lecture, école de la vie, bonheur sans pareil, source de tout vrai savoir.
Mais ce qui compte dans les livres, c’est moins les pages, le papier, les caractères et les signes, les ligatures et les pirlouètes- je les aime à la folie- que les histoires qu’ils racontent et les mots qu’ils charrient. Ces histoires et ces mots ne périront pas avec les livres. Ils survivront sous d’autres formes, dans des disques, dans des cassettes, dans des machines électroniques ou interactives, encore inconnues.
La vraie épreuve sera dans la lutte entre les images et les mots. Une civilisation de l’image risque d’être à la fois plus émotive et plus brutale qu’une civilisation du mot. Il faudra défendre la parole et le saint langage, honneur des hommes.
Jean d’Ormesson, Le Figaro littéraire, 2 février 1995.
II- Quelques axes de lecture
- Résumez les quatre premières phrases du texte (qui comportent 16mots) au quart soit 4 mots.
- Donnez l’idée générale du texte
- Résumez le texte qui comporte 324 mots au quart de sa longueur en 80 mots avec une marge de ₊ ou – 10%.
- Observez comment on passe d’un paragraphe à l’autre
- Le participe passé employé avec l’auxiliaire avoir
- Donnez la fonction des adjectifs qualificatifs suivants : « fidèle » et « vrai » (paragraphe 3).
- Des phrases aux allures de vérités générales
III- Insistons sur :
1- Le mode indicatif
« L’indicatif présente l’action come certaine, réelle. »
Le futur simple de l’indicatif exprime une action qui n’a pas encore eu lieu, au moment où on parle.
Exemple : « Ils survivront »
2- L’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir
Avec l’auxiliaire avoir, le participe passé ne s’accorde pas avec le sujet. Il s’accorde plutôt en genre et en nombre avec le COD si celui-ci est placé avant le verbe.
Exemple : « qui nous ont tant enchantés, ils auront changé la vie. »
3- La mise en relief
« Les présentatifs c’est … qui, c’est … que permettent de mettre en évidence n’importe quel élément (sauf le verbe) sans remplacer cet élément par un pronom personnel. »
Exemple : « Voilà qu’on fait mieux »
La structure « c’est … qui » permet d’insister sur le sujet.
Exemple : « c’est tous les livres qui vont disparaitre. »
4- Le déterminant numéral :
Le déterminant numéral ne s’accorde pas en nombre. Seuls vingt et cent prennent –s lorsqu’ils sont multipliés et non suivis par un autre nombre.
Exemple : « Sous la forme imprimée, cinq cents ans presque tout ronds. »
- Mille est invariable et peut s’écrire mil dans les dates.
Exemple : « Quelque deux mille ou trois mille ans. »
5- Leur devant un verbe
« Leur », pronom personnel, est invariable devant un verbe.
Exemple : « je leur reste fidèle »
6- Quelques phrases phares :
« Les livres auront joué un rôle inouï dans l’histoire des hommes. »
« Pour ma part, je leur reste fidèle et je me battrai pour leur survie. Et pour celle de la lecture, école de la vie, bonheur sans pareil, source de tout vrai savoir. »
« Ces histoires et ces mots ne périront pas avec les livres. »
24/03/2019