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Seydi Sow

Une longue marche

I- Présentation de l’auteur : Né en 1954 à Koungheul,  Seydi Sow est devenu en 1995, chef de service des soins infirmiers de l'Hôpital Général de Grand Yoff. Et en 1997, il est membre du Conseil de la République pour les Affaires Sociales.

Seydi Sow a publié en 1996 son premier roman Misère d'une boniche aux Éditions L'Harmattan, de Paris. Puis, La Reine des Sorciers qui remportera en 1998 le Grand Prix du Chef de l'Etat pour les Lettres2. Ensuite vont suivre : Jusqu'au bout de l'espoir, roman ; La lumière est en nous, nouvelle, qui sera transformée en pièce de théâtre par la troupe des « 7 Kouss » et jouée sur les planches de Daniel Sorano ; Au fond du puits, nouvelle, traduite en anglais par l'université de Hararé ; Jusqu'au bout de l'espoir, roman, préfacé par le scientifique Souleymane Mboup ; Debout mon enfant, roman, qui obtiendra le 2e prix du roman des lycéens du Sénégal ; Les élans brisés, roman ; Le 3e du couple, pièce de théâtre qui sera créée par la troupe « Arcots » de Dakar et jouée au Grand Théâtre ; Comme un souffle de vent, poésie ; Le défi de la Reine des sorciers, roman.

Source : Wikipédia

II- Texte : Une longue marche

Le soleil avait dépassé le temps des paresses. Il avait vaincu le brouillard ; bu la rosée. Il avait tiré le feuillage des arbres de leur somnolence.

Maintenant, il rayonnait de tous ses feux.                      

La route était droite et monotone.  Elle s’étendait à perte de vue. Déserte.

Les trois vieilles femmes marchaient. Le  bruit de leurs chaussures sur l’asphalte, était agaçant à force d’être continu. L’une des mains relevait de temps en temps le coin du pagne, afin de rendre plus libre le jeu des jambes. Le bras devenait pesant dans son incessant mouvement de va-et-vient. La tête ballotait.

  Les vieilles marchaient. Péniblement. Elles étaient fatiguées et déçues. Elles avaient quitté à l’aube leur demeure, et depuis ne s’étaient point reposées. L’adresse qu’on leur avait indiquée était-elle fausse ? S’étaient-elles perdues ou était-ce le nom qu’on leur avait donné qui était faux ? Salif existait-il réellement ?

   La route fuyait devant elles, semblable à un long fil qui ne cessait de se dérouler. Les vieilles marchaient, s’efforçant toujours de gagner un pas qui réduirait la distance les séparant de celui qu’elles cherchaient. Sans aucun doute, s’il existait, elles le retrouveraient. Elles lui parleraient. Et il accepterait, mettant ainsi fin à leur martyre. Les rides de leur visage s’étaient accentuées, d’énormes cernes entouraient leurs yeux. La sueur qui trempait leur vêtement était leur unique source de fraîcheur, quand soufflait la canicule.

   Les vieilles marchaient. Quelques passants les dépassaient, pressés. On distinguait parmi eux des jeunes dont la précoce maturité se devinait à travers l’éclat espiègle des yeux. Il y en avait aussi certains dont le regard fuyant était assombri par les frustrations de la vie, les interrogations inquiètes et angoissantes, les questionnements sans réponses. Ils étaient tous taciturnes et distants.

    Les vieilles marchaient … La plus âgée accusait maintenant une grande faiblesse. Elle arpentait le macadam à la manière d’un ivrogne saoul ; son corps qu’elle projetait en avant basculait souvent, mais toujours à l’instant de chuter, se rétablissait par un équilibre mal amorcé. Elle s’arrêtait alors, essayait de retrouver ses points d’appui, et repartait  en se dandinant. Ses camarades, qui la distançaient facilement, attendaient souvent de la voir rejoindre leurs rangs.

                                             Seydi Sow, Les élans brisés, NEAS, 2003.

III- Quelques axes de lecture

- Quels détails montrent la pénibilité de cette longue marche ?

- Qu’est-ce qui renvoie à la tonalité réaliste du texte ?

- Combien de fois a-t-on employé (dans ce passage) l’expression « Les vieilles marchaient » ?

- Les temps du récit 

- Les valeurs du conditionnel présent

- Dans le dernier paragraphe, les verbes sont-ils intransitifs ? transitifs directs ? ou transitifs indirects ?

- Repérage et interprétation de figures de style : comparaison, hyperbole, énumération, etc.

- Donnez la fonction des adjectifs qualificatifs présents dans cette séquence : « Le bras devenait pesant dans son incessant mouvement de va-et-vient. »

IV- Insistons sur :

1- La fonction de l’adjectif qualificatif

  • Quand l’adjectif qualificatif est placé immédiatement à côté du nom auquel il se rapporte, il est dit épithète lié.

Exemple : « l’éclat espiègle »

  • Quand l’adjectif qualificatif est relié au sujet par un verbe d’état (paraître, sembler, être,  devenir, trouver, avoir l’air, etc.)

Exemple : «Le bras devenait pesant »

 

2- Le verbe transitif / le verbe intransitif

  • Quand un verbe introduit un complément d’objet, il est dit transitif. On parle de transitif direct lorsqu’il introduit un Complément d’Objet Direct et transitif indirect quand il introduit un Complément d’Objet Indirect.

Exemple : « Il avait tiré le feuillage des arbres de leur somnolence. »

« s’efforçant toujours de gagner un pas qui réduirait la distance les séparant de celui qu’elles cherchaient. »

  • Un verbe est dit intransitif quand il n’admet pas de Complément d’Objet, direct ou indirect.

Exemple : «Les trois vieilles femmes marchaient »

3-Le conditionnel présent est employé pour exprimer un conseil, un souhait, une affirmation atténuée, une condition, etc.

Exemple : « Sans aucun doute, s’il existait, elles le retrouveraient. Elles lui parleraient. Et il accepterait, mettant ainsi fin à leur martyre. »

14/04/2019

 

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