Texte choisi : " Chacun a droit à sa dignité" de Tahar Ben Jelloun
I-Présentation de l'auteur : Tahar Ben Jelloun est un écrivain marocain né en 1944 à Fés. Il est à la fois romancier, poète, essayiste et peintre. Ce texte est la conclusion à laquelle aboutit Tahar Ben Jelloun dans son essai intitulé Le racisme expliqué à ma fille paru en 1997.
II- Texte :
La lutte contre le racisme doit être un réflexe quotidien. Notre vigilance ne doit jamais baisser. Il faut commencer par donner l'exemple et faire attention aux mots qu'on utilise. Les mots sont dangereux. Certains sont employés pour blesser et humilier, pour nourrir la méfiance et même la haine. D'autres sont détournés de leur sens profond et alimentent des intentions de hiérarchie et de discrimination. D'autres sont beaux et heureux. Il faut renoncer aux idées toutes faites, à certains dictons et proverbes qui vont dans le sens de la généralisation et par conséquent du racisme. Il faudra arriver à éliminer de ton vocabulaire des expressions porteuses d'idées fausses et pernicieuses. La lutte contre le racisme commence avec le travail sur le langage. Cette lutte nécessite par ailleurs de la volonté, de la persévérance et de l'imagination. Il ne suffit plus de s'indigner face à un discours ou un comportement raciste. Il faut aussi agir, ne pas laisser passer une dérive à caractère raciste. Ne jamais dire : " Ce n'est pas grave !" Si on laisse faire et dire, on permet au racisme de prospérer et de se développer même chez des personnes qui auraient pu éviter de sombrer dans ce fléau. En ne réagissant pas, en n'agissant pas, on rend le racisme banal et arrogant. Sache que des lois existent. Elles punissant l'incitation à la haine raciale. Sache aussi que des associations et des mouvements qui luttent contre toutes les formes de racisme existent et font un travail formidable.
À la rentrée des classes regarde tous les élèves et remarque qu'ils sont tous différents, que cette diversité est une belle chose. C'est une chance pour l'humanité. Ces élèves viennent d'horizons divers, ils sont capables de t'apporter des choses que tu n'as pas, comme toi tu peux leur apporter quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Le mélange est un enrichissement mutuel.
Sache enfin que chaque visage est un miracle. Il est unique. Tu ne rencontreras jamais deux visages absolument identiques. Qu'importe la beauté ou la laideur. Ce sont des choses relatives. Chaque visage est le symbole de la vie. Toute vie mérite le respect. Personne n'a le droit d'humilier une personne. Chacun a droit à sa dignité. En respectant un être, on rend hommage, à travers lui, à la vie dans tout ce qu'elle a de beau, de merveilleux, de différent et d'inattendu. On témoigne du respect pour soi-même en traitant les autres dignement.
Juin-octobre 1997
Tahar Ben Jelloun, Le racisme expliqué à ma fille, 1997.
III- Quelques axes de lecture
- Comment combattre le racisme ?
- Une leçon de vie
- La généralisation : une source d'erreur
- La tonalité didactique du passage
- La portée universelle du texte
- Un texte qui est toujours d'actualité, dans plusieurs sociétés
- Le langage courant
- Repérage et interprétation de figures de style : ellipse, anaphore, parallélisme, énumération, etc.
- Repérez des auxiliaires de modalité
IV- Insistons sur :
- Le texte explicatif "Un texte explicatif est un texte informatif qui répond aux questions Pourquoi ? Comment ?"
- Les registres de langue[1]
Il en existe 3 qui sont employés en fonction des situations :
a- Le registre courant : On l’utilise dans une situation ordinaire pour transmettre un message de la vie courante.
On emploie des mots courants : ni familiers, ni recherchés. La construction de la phrase est correcte, sans recherche d’effet de style.
b- Le registre familier : On l’utilise dans une relation de familiarité sans faire d’effort pour s’exprimer correctement. Le registre familier n’est pas un registre vulgaire même s’il peut le devenir.
c- Le registre soutenu : On l’utilise chaque fois qu’on veut marquer un écart avec une langue courante, soit parce que les circonstances l’imposent (discours officiel), soit parce que l’on veut se distinguer.
- Une figure de style : L’ellipse
On omet des termes qui, cependant, peuvent se deviner. On charge ainsi l’énoncé de tout ce que le lecteur peut deviner.
Exemple : « Les mots sont dangereux. Certains sont employés pour blesser et humilier, pour nourrir la méfiance et même la haine. D'autres sont détournés de leur sens profond et alimentent des intentions de hiérarchie et de discrimination. D'autres sont beaux et heureux »
4- Des phrases injonctives
Elles peuvent traduire l’ordre, la prière ou le conseil. De telles phrases injonctives sont construites avec des verbes à l’impératif, à l’infinitif, etc.
Les auxiliaires de modalité (devoir, pouvoir, falloir) peuvent être employés pour exprimer une opinion.
Exemples :
« Notre vigilance ne doit jamais baisser. Il faut commencer par donner l'exemple et faire attention aux mots qu'on utilise. »
« Sache enfin que chaque visage est un miracle. »
5- Des phrases aux allures de vérités générales
a- « La lutte contre le racisme doit être un réflexe quotidien. »
b- « Il faut commencer par donner l'exemple et faire attention aux mots qu'on utilise. »
c- « La lutte contre le racisme commence avec le travail sur le langage. »
d- « Le mélange est un enrichissement mutuel. »
e- « Sache enfin que chaque visage est un miracle. Il est unique. »
f- « Personne n'a le droit d'humilier une personne. Chacun a droit à sa dignité. »
g- « On témoigne du respect pour soi-même en traitant les autres dignement. »
[1] S Leroy, G Baille, L Rabier, Grammaire et Expression, 4e/3e Technologiques, NATHAN, France, 1993.
Tahar Ben Jelloun, Le racisme expliqué à ma fille, 1997.
Français, Livre unique 2nde, Nouveau programme, Bordas
Français 3e , L’Art de lire, Bordas.