I- Présentation de l’auteur : De son vrai nom Alix Mathurin, Kery James, né le 28 décembre 1977 aux Abymes, est un rappeur français d'origine haïtienne. « Il est considéré par la presse spécialisée et le public comme une figure de proue du rap politique. Son œuvre évoque la vie en banlieue et les inégalités dans la France actuelle. »
Source : Wikipedia
II- Texte : Banlieusards
On n'est pas condamné à l'échec, voilà l'chant des combattants
Banlieusard et fier de l'être, j'ai écrit l'hymne des battants
Ceux qui n'font pas toujours ce qu'on attend d'eux
Qui n'disent pas toujours c'que l'on veut entendre d'eux
Parce que la vie est un combat
Pour ceux d'en haut comme pour ceux d'en bas
Si t'acceptes pas ça c'est que t'es qu'un lâche
Lève-toi et marche!
C'est 1 pour les miens, arabes et noirs pour la plupart
Et pour mes babtous, prolétaires et banlieusards
Le 2, ce sera pour ceux qui rêvent d'une France unifiée
Parce qu'à ce jour y a deux France, qui peut le nier?
Et moi j'suis de la deuxième France, celle de l'insécurité
Des terroristes potentiels, des assistés
C'est c'qu'ils attendent de nous
Mais j'ai d'autres projets qu'ils retiennent ça
Je ne suis pas une victime mais un soldat
Regarde-moi, j'suis noir et fier de l'être
J'manie la langue de Molière, j'en maîtrise les lettres
Français parce que la France a colonisé mes ancêtres
Mais mon esprit est libre et mon Afrique n'a aucune dette
Je suis parti de loin, les pieds entravés
Le système ne m'a rien donné, j'ai dû le braver
Depuis la ligne de départ, ils ont piégé ma course
Pendant que les keufs me coursaient, eux investissaient en bourse
J'étais censé échouer, finir écroué, la peau trouée
Et si j'en parle la gorge nouée
C'est que j'ai nagé dans des eaux profondes sans bouée
J'ai le ghetto tatoué, dans la peau, j'suis rebelle comme Ekoué
Mais l'espoir ne m'a jamais quitté
En attendant des jours meilleurs, j'ai résisté
Et je continue encore
Je suis le capitaine dans le bateau de mes efforts
J'n'attends rien du système, je suis indépendant
J'aspire à être un gagnant donné perdant
Parce qu'on vient de la banlieue, c'est vrai, qu'on a grandi, non
Les yeux dans les bleus mais des bleus dans les yeux
Pourquoi nous dans les ghettos, eux à L'ENA
Nous derrière les barreaux, eux au sénat
Ils défendent leurs intérêts, éludent nos problèmes
Mais une question reste en suspens, qu'a-t-on fait pour nous-même?
Qu'a-t-on fait pour protéger les nôtres
Des mêmes erreurs que les nôtres?
Regarde c'que deviennent nos petits frères
D'abord c'est l'échec scolaire, l'exclusion donc la colère
La violence et les civières, la prison et le cimetière
On n'est pas condamnés à l'échec
Pour nous c'est dur, mais ça ne doit pas devenir un prétexte
Si le savoir est une arme, soyons armés
Car sans lui nous sommes désarmés
Malgré les déceptions et les dépressions
Suite à la pression, que chacun d'entre nous ressent
Malgré la répression et les oppressions
Les discriminations, puis les arrestations
Malgré les provocations, les incarcérations
Le manque de compréhension, les peurs et les pulsions
Leur désir, de nous maintenir la tête sous l'eau
Transcende ma motivation
Nourrit mon ambition
Il est temps que la deuxième France s'éveille
J'ai envie d'être plus direct, il est temps qu'on fasse de l'oseille
C'que la France ne nous donne pas on va lui prendre
J'veux pas brûler des voitures, j'veux en construire, puis en vendre
Si on est livré à nous-même, le combat faut qu'on le livre nous-même
Il ne suffit pas de chanter "regarde comme ils nous malmènent"!
Il faut qu't'apprennes, que tu comprennes et que t'entreprennes
Avant de crier "c'est pas la peine! Quoi qu'il advienne, le système nous freine!"
À toi de voir! T'es un lâche ou un soldat?
Entreprends et bats-toi!
Banlieusard et fier de l'être
On n'est pas condamné à l'échec
Diplômés, éclairés ou paumés
En 4x4, en tro-mé, gentils ou chant-mé
La banlieue a trop chômé, je sais c'que la France promet
Et que c'est un crime contre notre avenir que la France commet
C'est pour les discriminés, souvent incriminés
Les innocents, qu'ils traitent comme de vrais criminels
On a l'image des prédateurs, mais on est que des proies
Capables mais coupables et exclus de l'emploi
Si j'rugis comme un lion c'est qu'j'compte pas m'laisser faire
J'suis pas un mendiant, j'suis venu prendre c'qu'ils m'ont promis hier
Même s'il me faut deux fois plus de courage, deux fois plus de rage
Car y a deux fois plus d'obstacles et deux fois moins d'avantages
Et alors, ma victoire aura deux fois plus de goût
Avant d'pouvoir la savourer, j'prendrai deux fois plus de coups
Les pièges sont nombreux, il faut qu'j'sois deux fois plus attentif
Deux fois plus qualifié et deux fois plus motivé
Si t'aimes pleurer sur ton sort
T'es qu'un lâche
Lève-toi et marche
Banlieusard et fier de l'être
On n'est pas condamné à l'échec!
On est condamné à réussir
À franchir les barrières, construire des carrières
Regarde c'qu'ont accompli nos parents
C'qu'ils ont subi pour qu'on accède à l'éducation
Où serait-on sans leurs sacrifices?
Comme Mahmoud pour Thays
Bien sûr que leur travail a du mérite
Ô combien j'admire nos pères
Manutentionnaires mais fiers
Si on gâche tout où est le respect?
Si on échoue où est le progrès?
Chaque fils d'immigré est en mission
Chaque fils de pauvre doit avoir de l'ambition
Tu peux pas laisser, s'évaporer tes rêves en fumée
Dans un hall enfumé
À fumer des substances qui brisent ta volonté
Anesthésient tes désir et noient tes capacités
Khey, on vaut mieux que ça!
Rien n'arrête pas un banlieusard qui se bat
On est jeunes, forts et nos sœurs sont belles
Immense est le talent qu'elles portent en elles
Vois-tu des faibles ici?
Je ne vois que des hommes qui portent le glaive ici
Banlieusards et fiers de l'être
On n’est pas condamnés à l'échec!
Ce texte je vous le devais
Même si je l'écris le cœur serré
Et si tu pleures, pleure des larmes de détermination
Car ceci n'est pas une plainte, c'est une révolution!
Apprendre, comprendre, entreprendre, même si on a mal
S'élever, progresser, lutter, même quand on a mal
Apprendre, comprendre, entreprendre, même si on a mal
S'élever, progresser, lutter, même quand on a mal
Apprendre, comprendre, entreprendre (condamnés à l'échec), même si on a mal
Banlieusards, forts et fiers de l'être (s'élever, progresser)
On n’est pas condamnés à l'échec (on n’est pas condamnés à l'échec)
Banlieusards, forts et fiers de l'être (banlieusards et fiers de l'être)
On n’est pas condamnés à l'échec (on n’est pas condamnés à l'échec)
Banlieusards, forts et fiers de l'être (banlieusards et fiers de l'être)
Apprendre, comprendre, entreprendre, même si on a mal
S'élever, progresser, lutter, même quand on a mal
Apprendre, comprendre, entreprendre, même si on a mal
S'élever, progresser, lutter, même quand on a mal
Source : LyricFind
Paroliers : David Bonnefoi / Sylvain Couturier / Alix Mathurin / Marie Jeanne Serero
Paroles de Banlieusards © O/B/O Capasso
III- Quelques axes de lecture
- La poésie militante : la dénonciation des discriminations
- L’hymne des banlieusards : une prise de conscience salutaire
- Repérage et interprétation de figures de style : métaphore, antithèse, interrogation oratoire, dérivation, chiasme, anaphore, énumération, comparaison, périphrase, etc.
- La place de la négation
- Le registre de langue
IV- Insistons sur :
1- La métaphore : Elle établit une assimilation entre deux termes : comparé et comparant sont rassemblés dans un même énoncé sans terme de comparaison. Si la métaphore est développée par plusieurs termes (ou sur plusieurs lignes ou vers) : on parle de métaphore filée.
Exemple : « Je suis le capitaine dans le bateau de mes efforts »
2- La comparaison permet d’établir « un lien entre deux éléments à partir d’un point commun et crée ainsi une image. Cette figure de style comprend toujours au moins deux termes (le comparé et le comparant). Le rapprochement entre ces deux termes s'effectue grâce à un terme comparatif (ou outil de comparaison). »
Exemples : « j'rugis comme un lion »
« j'suis rebelle comme Ekoué »
3- La périphrase : Elle consiste à remplacer un mot par une expression de sens équivalent qui évite une répétition ou donne une explication. La périphrase peut attirer l’attention sur une qualité.
Exemple : « Nous derrière les barreaux »
4- L’antithèse : C’est le rapprochement de deux termes, deux expressions ou deux propositions contrastées.
Exemples : « Si le savoir est une arme, soyons armés
Car sans lui nous sommes désarmés »
« Les innocents, qu'ils traitent comme de vrais criminels
On a l'image des prédateurs, mais on est que des proies »
5- Le chiasme est une antithèse dont la deuxième proposition est en ordre inversé par rapport à la première.
Exemple : "Les yeux dans les bleus mais des bleus dans les yeux"
6- La gradation : Elle ordonne les termes d’un énoncé selon une progression (en taille, en intensité).
Exemple : « J'veux pas brûler des voitures, j'veux en construire, puis en vendre »
7- La question oratoire : Elle consiste à poser une question à laquelle on répond en même temps.
Exemple : « Parce qu'à ce jour y a deux France, qui peut le nier ? »
8- L’énumération : C’est une suite de mots montrant divers aspects d’un sujet.
Exemple : « Regarde c'que deviennent nos petits frères
D'abord c'est l'échec scolaire, l'exclusion donc la colère
La violence et les civières, la prison et le cimetière
On n'est pas condamnés à l'échec »
9- L’anaphore : Elle consiste à répéter les mêmes mots, en tête de phrases, de vers successifs ou de groupes de mots.
Exemple : « Chaque fils d'immigré est en mission
Chaque fils de pauvre doit avoir de l'ambition »
08/08/2021
https://www.youtube.com/watch?v=fT9tYfsbMb4