I- Présentation de l'auteur : De son vrai nom Alix Mathurin, Kery James, né le 28 décembre 1977 aux Abymes, est un rappeur français d'origine haïtienne. « Il est considéré par la presse spécialisée et le public comme une figure de proue du rap politique. Son œuvre évoque la vie en banlieue et les inégalités dans la France actuelle. »
Source : Wikipedia
II- Texte :
Intro de Charles Aznavour
Les rappeurs et les slammeurs écrivent merveilleusement notre langue
Je dois dire que le, le leader de tout cela, celui qui émerge en tête, c'est Kery James
Et vous allez l'entendre, écoutez surtout attentivement les paroles
Comment c'est beau et comment c'est Français
Refrain :
J'noircis des feuilles blanches à l'encre d'ébène
À l'encre de mes peines
Je m'époumone sous la fureur du vent
Mes mots s'envolent comme des nuages mouvants
On me tue chaque jour dans la langue de Molière
Je rends chaque coup dans la langue de Césaire
Poète noir, je chante ma solitude
J'habille désespoir que l'aube dénude
1er COUPLET
Je m'inspire de feuilles mortes aux couleurs d'automne
Ma poésie naît où l'été s'endort, quand l'hiver chantonne
Puisqu'écrire c'est oser, j'ose sans demi-mesures
J'ai des souvenirs pourpres à en faire rougir l'azur
J'viens de tours de ciment à perte de vie
Cimetière d'illusions où se terrent les envies
Quand les lendemains ne font même plus de promesses
Mourir à vingt ans peut te sembler romanesque
À traîner le jour, j'ai vu naître la nuit
On a longtemps cru que vivre, c'était tuer l'ennui
L'égalité, j'ai cru la voir en silhouette
Ce soir où la pauvreté pointait un flingue sur ma tête
REFRAIN :
J'noircis des feuilles blanches à l'encre d'ébène
À l'encre de mes peines
Je m'époumone sous la fureur du vent
Mes mots s'envolent comme des nuages mouvants
On me tue chaque jour dans la langue de Molière
Je rends chaque coup dans la langue de Césaire
Poète noir, je chante ma solitude
J'habille désespoir que l'aube dénude
2ème COUPLET
Jugé sur mon teint, j'écris à l'instinct
J'ouvre les bras au monde, mais seule la peine m'étreint
Alors sourire forcé, je n'serai jamais Français
Ici, les fils de colons ont peur d'être grand-remplacés
Au soleil levant s'éteindront mes jours
Ils la feront sans moi la guerre civile d'Éric Zem...
Peur des différences ou panique sanitaire
Les moutons masqués trouvent la dictature salutaire
J'mène une vie de bohème, je m'émancipe en lettre
Je n'attends pas qu'on m'aime, j'exige qu'on me respecte
À chaque instant je meurs, je ne suis pas grand chose
Peut-on rendre le monde meilleur en semant des pétales de proses?
À l'encre d'ébène
À l'encre de mes peines
Je m'époumone sous la fureur du vent
Mes mots s'envolent comme des nuages mouvants
On me tue chaque jour dans la langue de Molière
Je rends chaque coup dans la langue de Césaire
Poète noir, je chante ma solitude
J'habille désespoir que l'aube dénude
Noir, noir, noir
J'suis souvent d'humeur (Noire)
J'ai des idées (Noires)
Parfois je broie du (Noir)
Ma poésie est (Noire)
J'suis souvent d'humeur (Noire, noire, noire, noire)
J'ai des idées (Noires, noires, noires, noires)
Parfois je broie du (Noir, noir, noir, noir, noir, noir, noir)
Ma poésie est (Noire)
Kery James, Le poète noir, 2022
III- Quelques axes de lecture :
- Une poésie militante
- Un texte riche en images
- Repérage et interprétation de figures de style : métaphore, comparaison, parallélisme, anaphore, épiphore, etc.
IV- Insistons sur :
A- D'intéressants vers
" Puisqu’écrire c’est oser, j’ose sans demi-mesure"
" " Je mène une vie de poème, je m’émancipe en lettres"
" Je n'attends pas qu'on m'aime, j'exige qu'on me respecte"
B- Des figures de style
1.L'antithèse fait coexister dans un même paragraphe deux termes ou deux expressions qui s'opposent.
Exemple :
- " Je noircis des feuilles blanches à l’encre d’ébène
A l’encre de mes peines Je m’époumone sous la fureur du vent "
- Poète noir, je chante ma solitude
J’habille des espoirs que l’aube dénude"
- " A traîner le jour, j’ai vu naître la nuit "
2. La comparaison rapproche deux termes qui ont un élément commun. Un tel rapprochement s'effectue à l'aide d'un outil comparant ( comme, ainsi aue, de la même façon que...)
Exemple : " Mes mots s’envolent comme des nuages mouvants"
3. La métonymie permet de désigner un mot par un autre, qui lui est associé logiquement : le contenant par le contenu, la cause pour la conséquence ...
Exemple :
- " On me tue chaque jour dans la langue de Molière
Je rends chaque coup dans la langue de Césaire "
- " Poète noir, je chante ma solitude
J’habille des espoirs que l’aube dénude"
- " Ici les fils de colons ont peur d’être « grands-remplacés "
4. Le parallélisme permet d'aligner deux énoncés présentant la même syntaxe, la même construction.
Exemple : " On me tue chaque jour dans la langue de Molière
Je rends chaque coup dans la langue de Césaire "
5. La personnification :
Avec la personnification, un objet, un être inanimé, une chose, une idée devient une personne.
Exemple : " Je m’inspire de feuilles mortes aux couleurs d’automne
Ma poésie naît où l’été s’endort quand l’hiver chantonne"
6. L'anacoluthe est une rupture de la cohésion syntaxique de la phrase.
Exemple : " Moi je viens des tours de ciment à perte de vie
Cimetière d’illusions où se terrent les envies"
7. L'allégorie : une idée abstraite prend une apparence concrète.
Exemple : " J’ouvre les bras au monde
Mais seule la peine m’étreint"
8. La métaphore est une comparaison sans outil comparatif. Si la métaphore se poursuit, on parle de métaphore filée.
Exemple : " moutons masqués trouvent la dictature salutaire"
9. L'oxymore permet de rapprocher deux mots de sens opposé et qui sont placés côte à côte.
Exemple : " dictature salutaire"
10. L'épiphore consiste en la reprise d'un ou de plusieurs mots dans plusieurs phrases ou vers successifs.
Exemple : " Noir, noir, noir
J'suis souvent d'humeur (Noire)
J'ai des idées (Noires)
Parfois je broie du (Noir)
Ma poésie est (Noire)
J'suis souvent d'humeur (Noire, noire, noire, noire)
J'ai des idées (Noires, noires, noires, noires)
Parfois je broie du (Noir, noir, noir, noir, noir, noir, noir)
Ma poésie est (Noire)"
11. La suspension : C’est l’interruption brusque d’une phrase avant la fin.
Exemple : " Ils la feront sans moi la guerre civile d'Éric Zem..."
Très belle chute :
" Je mène une vie de poème, je m’émancipe en lettres
Je n’attends pas qu’on m’aime, j’exige qu’on me respecte
A chaque instant je meurs je ne suis pas grand-chose
Je voudrais rendre le monde meilleur en semant des pétales de proses"
23/01/2022
#sunumbir
#undimancheuntexte