"Ils sont venus ce soir..."
Pour Léopold-Sédar Senghor
Ils sont venus ce soir où le
tam
tam
roulait de
rythme
en rythme
la frénésie
des yeux
la frénésie des mains
la frénésie
des pieds de statues
DEPUIS
combien de MOI MOI MOI
sont morts
depuis qu'ils sont venus ce soir où le
tam
tam
roulait de
rythme
en rythme
la frénésie
des yeux
la frénésie
des mains
la frénésie
des pieds de statues
Léon-Gontran Damas, Pigments, 1937
Léon-Gontran Damas, est au même titre que Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire initiateur du mouvement de la Négritude. Dans les années 1930, ils luttèrent pour la réhabilitation de la race noire, remettant en question l’arrogance occidentale. Dans ce texte, il fustige la lâcheté des prédateurs, des conquérants.
Quelques axes de lecture
I-Ambiance festive
Nuit propice à la fête
Le cœur est à la fête : autochtones comme possédés, en transe
II- Basculement dans le vide
Arrivée des occidentaux synonyme de malheurs
Le mépris à l’endroit des Blancs d’où l’emploi du pronom personnel « ils »
Posture victimaire des noirs
Des éléments importants
- Disposition typographique du texte assez particulière avec parfois des vers monosyllabiques ; la plupart des vers commencent par une minuscule
- La répétition « Ils sont venus…statues »
- Les indices temporels : ce soir où ( v 1 ; 14), depuis ( v10), depuis que (v14)
- L’écriture en majuscules de «DEPUIS ; MOI MOI MOI » : symbole de rupture
- Absence de ponctuation due à l’influence surréaliste
- Temps verbaux : passé composé (sont venus v1, 16), présent de l’indicatif (sont v15) ; imparfait de l’indicatif (roulait v4, 19).
- Interrogation sans réponse : " combien ...sont morts"
Un dimanche, un texte : numéro 3 " ils sont venus ce soir..."
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