" La splendeur des yeux d'Ouly, la collégienne"
Penda marche à mes côtés. Elle s'est accrochée à mon bras droit dont les doigts sont enfoncés dans la poche latérale du pantalon de lagos que j'arbore en cette nuit chaude du mois d'août. Elle semble fatiguée et transpire à grosses gouttes. Elle halète comme une bête de proie traquée. Nous marchons à pas comptés. Il m'arrive d'oublier sa présence tant mon cœur, à la remorque de mon esprit qui glane dans les champs du passé, est loin d'elle.
Il était une fois dans ma vie une fille. Elle s'appelait Oulimata. Ses camarades la surnommaient l'Américaine. Pour moi, elle était Ouly.
Pourquoi ne pas l'avouer tout de suite ? Ouly était mon élève. Elle n'était ni trop belle ni trop douée. Pour parler comme mes collègues d'alors, elle était même nulle. Elle n'avait rien qui la distinguât des autres filles de sa classe ou du collège où je l'avais connue. Peut-être sa taille. Plutôt son âge car elle était assurément trop vieille pour les cours qu'elle suivait avec force lacunes, du reste. Ce qui m'avait le plus attiré en elle, c'étaient ses yeux. De grands yeux marrons. Des yeux chargés de langueur qu'il m'était impossible de croiser du regard sans chavirer dans des pensées à la fois délicieuses et oppressantes, aussi tortueuses qu'un labyrinthe. Elle n'était point Ariane pour m'aider à me retrouver dans le dédale de telles rêveries. Au contraire, elle m'y égarait davantage grâce à son sourire auquel je n'ai su et ne saurai jamais donner une épithète adéquate.
Mais tout cela est fini, irrémédiablement fini. Puisqu'Ouly n'est plus ...
Marouba Fall, La collégienne, NEAS.
Quelques axes de lecture
- L’incipit de La collégienne : un décor bien campé
-Un narrateur sous le poids de ses sentiments
- Quelles informations donne-t-on sur la collégienne
- Étudiez le passage du présent de l’indicatif à l’imparfait de l’indicatif
- Repérage et interprétation de figures de style : comparaison, périphrase, métaphore, antithèse, euphémisme, pléonasme, hyperbole, etc.
Insistons sur :
1- L’accord du participe passé des verbes pronominaux
Le participe passé des verbes essentiellement pronominaux, des verbes pronominaux de sens passif (le sujet subit l’action), de sens réfléchi ou réciproque(le sujet subit et fait l’action) s’accordent avec le nom auquel il se rapporte.
Exemple : « Elle s'est accrochée »
Le participe passé des verbes pronominaux de sens réfléchi et de sens réciproque s’accordent avec le Complément d’Objet Direct si celui-ci est placé avant.
2- Vocabulaire
Arborer : porter
Haleter : respirer avec gêne
Ariane : princesse mortelle (mythologie, source : Wikipédia)
Dédale : labyrinthe
10/04/2016
PS : Sélection du centième texte : Samedi 16 avril 2016
Lieu : EJICOM, Cité Keur Gorgui, Lot 72 AD, Dakar.
Mise en place des invités : 15 heures
Le public est cordialement invité
Mise en ligne : Dimanche 17 avril