L’horreur de la guerre de 1870 a inspiré au jeune Rimbaud des textes inoubliables, comme « Le dormeur du val », extrait de Poésies.
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons[1]
D'argent ; où le soleil de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse[2] de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson[3] bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue[4].
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls[5], il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud 1854/1891
Quelques axes de lecture
- Comment appelle-t-on ce type de poème ? Justifiez.
- Le symbolisme ou l’art de la suggestion
- Un sommeil suspect
-Quel sens peut-on donner à la chute du poème ?
- Repérage des figures de style : personnification, métaphore, comparaison, allégorie, apostrophe, hyperbole, synecdoque, antithèse, etc.
-Versification : Disposition, qualité et nature des rimes
- Relevez des rejets et un contre-rejet dans ce texte.
Liens utiles : La versification
Les figures de style ou de rhétorique
05/10/2014
[1] Les haillons d’argent désignent les jeux de lumière dans l’herbe mouillée
[2] Déborde ; est rempli
[3] Plante qui pousse en terrain très humide
[5] Variété de fleurs appelées dans les Ardennes « glaïeuls des marais »