Wade des gages,encore des gages, toujours des gages! Faisons, avec Macky Sall, contre mauvaise fortune bon cœur.
Au lendemain du match électoral et de la proclamation officielle des résultats provisoires, des bilans s imposent. De tels bilans sont définitifs pour tous ceux qui ont été recales et partiels pour les deux joueurs-candidats retenus pour le second tour. D’aucuns assumerons leurs échecs peut être leur impopularité, tandis que d’autres attribueront la cause de leur déroute au forcing de l’intrus Wade ; un combat qui aura cristallisé toutes leurs énergies au point de leur valoir ce désaveu national.
Au lieu de sanctionner, bonnement le libéralisme, nous leur demandons d’en rajouter. La faillite des socialistes proviendrait de leur incapacité à s’unir autour de l’essentiel à travers le célèbre « Benno ». Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng sont les plus grands perdants, obligés , malgré eux, de jouer aux faiseurs de président au même titre que l’ancien premier ministre Idrissa Seck.
Étant donné que les sénégalais ne votent pas selon des idéologies politiques, il faudrait abattre un travail de titan à la base pour récolter le maximum de voix. Le choix des uns et des autres est difficilement explicable : nous voici, au terme d’un désamour jamais égalé, contraints de choisir entre deux candidats qui ne seraient à y voir de très prés, que l’illustration d’une formule du pareil…au « même »
Wade des gages, encore des gages, toujours des gages !
Nous nous permettons, ainsi, de transformer la phrase du président Wade : « il faut travailler, encore travailler, toujours travailler». Décidément le président sortant est très doué en politique, même en période de crise, il ne fait aucun cadeau à ses adversaires. Au moment où une naïveté première voudrait entretenir sa probable démission après les huées essuyées à son centre de vote, il montra au travers d’une déclaration à la presse, que son pari risqué suivrait son cours. Pour rien au monde, il ne lâcherait l’affaire, pardon le pouvoir. On aura tout vu son ère : le ridicule ne tue plus au Sénégal. A tel point qu’en citoyens aguerris plus rien n`émeut les Sénégalais.
Wade Abdoulaye fut un président qui a su imprimer ses marques sur le plan national en faisant preuve de génie. Son égocentrisme n’est plus à démontré tellement les couleurs de sa formation politique nous sont imposées dans plusieurs secteurs notamment les transports : bus, taxis, etc. Nous ne l’enterrons pas, nous pensons juste qu’il devrait rendre le tablier pour une vitalité de notre démocratie.
Il s’est donné corps et âme pour la réalisation de ses projets, parfois contestés. Nous ne cachons pas notre indignation devant son entêtement que nous ne pourrions justifier. Bien vrai que les signes de la fin de son règne soient éloquents, il a, bizarrement, du mal à se résoudre à la réalité. Sa dernière sortie obéit à une logique : il a cédé au zèle de certains de ses affidés appelés faucons du palais.
Dans cet entre-deux-tours, il va s`atteler à regagner la confiance des sénégalais, à conquérir les voix de quelques indécis et, des « mackyphobes». Le président nous aura, au moins, indiqué qu`il n`était pas prêt à quitter le pouvoir dans des conditions qui ne lui seraient pas favorables.
Abdoulaye Wade et son régime de l`alternance auront eu le mérite d’être de véritables pourvoyeurs de candidats au scrutin de Février 2012 .Ces frustrés que sont Moustapha Niasse, Idrissa Seck, Cheikh Tidiane Gadio et Macky Sall vont peser de tout leur poids pour en finir avec Wade qui mériterait une retraite forcée.
Deux à trois semaines de folie sont à envisager dans le pays. En effet, les responsables libéraux, qui voudraient réaliser l’acronyme FAL (des forces alliées) signifiant élire en ouolof, alors qu’ils devraient dire « faleuti » autrement dit réélection pour la troisième fois ; seront prêts à tout pour ne pas perdre les privilèges qu’ils ont eus pendant plus d’une décennie.
Des liasses de billets de banque et des promesses vont s’imposer aux débats, aux négociations, ce qui donnerait beaucoup de fil à retordre au Forum Civil et autres organisations luttant pour la transparence, la bonne gouvernance et combattant, du coup, la corruption. Les achats de conscience et autres pratiques contraires aux règles démocratiques vont se multiplier de manière exponentielle. Cependant ne perdons pas de vue que c’est le Sénégal qui perdra des milliards du budget national et la transhumance va refaire surface comme en 2000.
Le passé politique du président, nous permet de comprendre aisément qu’il ne faudrait pas vendre la peau de l`ours avant de l`avoir tué. Wade n`a pas dit son dernier mot. Nous avons du mal à imaginer qu`il soit, du genre à féliciter, celui qu`il a fait connaître au grand public avant de s’en débarrasser en 2008. Mais tout a une fin. N’est-ce pas ?
Faisons, avec Macky Sall, contre mauvaise fortune bon cœur !
L’ancien président de l’assemblée nationale n’est pas si logique qu’on ne pourrait le penser : il a sa logique. Dés le départ il entrevoyait une participation au second tour, tout au moins, d’où sa posture qui faisait qu’il eût un pied dans le mythique M23 et un autre pied en dehors. Très tôt dans la campagne, il a pris la décision qui fâchait : quitter les places de l’Obélisque et de l’Indépendance.
Au moment où, les plus radicaux misaient sur une contestation, quitte à essuyer la toxicité des bombes lacrymogènes, Macky avaient préfèré reprendre le tour du pays, déjà entamé depuis la mise sur pieds de son parti. De réelles suspicions pesaient sur un éventuel deal entre lui et son ancien mentor tellement les coïncidences étaient suspectes mais l’avenir vient de montrer que la rivalité entre les deux est poussée à l’extrême, tant ils convoitent la même chose : le pouvoir.
Macky n’est ni le plus complètent, ni le plus méritant, il est juste le plus chanceux. Comptable au plus haut point d’une bonne partie du bilan de Wade, il est entré, malgré tout, dans le cœur d’une bonne partie sénégalaise à la faveur d’une injustice. Seule la chance a su faire pencher la balance de son côté.
Devant le fait accompli, nous choisissons Macky Sall pour sanctionner le régime du président sortant. Dans la vie, on ne sait jamais, a-t-on l’habitude de dire. Ironie de l’histoire : jadis tombé en disgrâce, Macky Sall est presque assuré de prendre une « revanche » sur son ex bienfaiteur.
Il devra donner des gages sur ses réelles capacités à manager, à mener à bien des promesses qu’il a tant tenues. Il bénéficiera de la stratégie du « tout sauf Wade», probable réplique du « tout sauf Diouf» en 2000. Il ne faudrait qu’il perde de vue les nombreuses attentes des sénégalais avec leur sursaut de maturité sont très exigeants et très déterminés.
Nous ne doutons point des ruptures qu’il mettra en œuvre mais la magistrature suprême est généralement mise à profit pour procéder au partage du gâteau. Contrairement au troisième locataire du palais, il devra se comporter en président exemplaire et ne pas être généreux avec notre argent.
Ayant le bénéfice du doute, nous voterons Macky Sall contrairement au premier tour, pour sauver cette année académique entachée de grèves à répétition pour le respect d’accords signés depuis belles lurettes. Nous nourrissons au moins le souhait d’assister à une égalité des citoyens devant dame justice. Son élection pourrait permettre une dépolitisation des affaires pendantes devant la justice : Barthélémy Dias et Malick Noél Seck. Notre choix porté sur Macky Sall n’est ni plus, ni moins qu’une option dictée par la raison. OUI, NOUS VOTONS MACKY.
M. DIALLO IBNOU
Doctorant és Lettres Modernes, Option Grammaire Moderne
Professeur de Lettres Modernes ( ibndiallo@gmail.com)
par Ibnou Diallo, jeudi 1 mars 2012, 18:08 ·